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Jésuites à La Réunion
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Tous mangèrent à leur faim et il en resta

Retrouvez l’évangile du 2 juin 2013, fête du Saint Sacrement (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 2 juin 2013

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez l’évangile du 2 juin 2013, fête du Saint Sacrement (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Le jour commençait à baisser et la foule ne quittait pas Jésus, tous étaient suspendus à ses lèvres et buvaient ses paroles.

Les apôtres s’inquiétaient pour ces gens qui allaient passer la nuit dehors, sans abris et sans nourriture. La solution était évidente. Il fallait renvoyer tout le monde. Jésus ne l’entendit pas ainsi et il confia une responsabilité à ses apôtres : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Mais comment nourrir une foule pareille avec cinq pains et deux poissons ? C’était mission impossible !

« Faites-les asseoir par groupes de cinquante », leur dit Jésus. Vous qui avez de la mémoire biblique, vous vous rappelez que Moïse avait rassemblé les gens par groupes de cinquante pour célébrer l’alliance et la fin de la servitude. Et lors de banquets de mariage, c’était l’habitude de faire s’asseoir les invités par groupes de cinquante. De toute évidence, Jésus, ce jour-là, est en train d’organiser le banquet du Royaume. Personne ne sera renvoyé, tous participeront à ce repas, sans sélection aucune. Nul besoin de présenter un carton d’invitation, ni une carte « Jésus avantages » pour participer au banquet du Royaume, le Seigneur nourrit ceux qui sont là indistinctement… et gratuitement.

Avant de manger, quand tout était prêt pour le repas, les Israélites avaient l’habitude de bénir Dieu et de lui rendre grâce pour la nourriture. Jésus, les yeux levés vers le ciel, fait aussi une bénédiction, mais dans des circonstances tout autres : ici, rien n’est prêt, au contraire, tout manque, ou presque tout, puisqu’il n’y a que cinq pains et deux poissons ! La disproportion entre les victuailles et les cinq mille hommes présents est énorme. Mais Jésus ne s’alarme pas, sa confiance en Dieu est plus forte que la pénurie. Alors, remontant vers la source de tout bien, il bénit le Père. Et son action de grâce débloque la situation puisqu’elle ouvre la voie de l’abondance divine. Le résultat de sa prière est net : tous mangèrent à satiété et en plus on ramassa 12 paniers de restes.

Si au lieu de paniquer face à ce que nous n’avons pas, au lieu de gémir sur les moyens qui manquent, au lieu de jalouser les biens d’autrui, de comparer son salaire à celui du collègue, de se disputer entre frères et sœurs au sujet d’un héritage, si au lieu de tout cela, nous rendions grâces à Dieu pour ce que nous avons, confiants et sûrs qu’il nous donne ce qu’il faut, confiants et sûrs qu’il nous a tout donné en son Fils, alors nous pourrions dédramatiser bien des tensions.

Comment pouvons-nous recevoir le corps du Christ sans chercher à résorber nos divisions et nos luttes intestines ? En nous donnant l’Eucharistie, le Christ a voulu nous rassembler en l’unité d’un seul Corps. Aussi, retenez bien ceci, dans la communion, il y a de l’union. Une union des cœurs qui se tournent vers Dieu afin qu’il vienne au secours de toutes nos faiblesses. Ce que j’ai constaté dans mes séjours en pays pauvres, c’est que, plus la pénurie est forte, plus l’abandon à la Providence est manifeste, et de surcroît, plus on se serre alors les coudes, plus la solidarité et le partage sont réels.

C’est pourquoi l’abandon à la Providence n’est pas une sorte de paresse spirituelle qui attend que tout tombe du ciel. Le Père Arrupe, l’ancien Général des jésuites, disait un jour lors d’un congrès eucharistique : « Tant que dans le monde, un enfant meurt de faim, alors nos eucharisties sont incomplètes et mal célébrées ». C’était fort comme formule mais elle exprime ce qu’est la pointe de l’Eucharistie.

Dans le récit de l’Institution du jeudi saint, comme dans la multiplication des pains, aucun des évangélistes ne mentionne que Jésus ait mangé lui-même, tous rapportent qu’il a prié et ensuite qu’il a donné les pains à ses disciples et à la foule.

La pointe de la fête du Corps et du Sang du Seigneur est là : le sacrifice de Jésus est un don de soi, un don total qui appelle d’autres dons. Certes, nous n’avons pas la même générosité que Lui, et pourtant c’est à mesure que nos vies se donnent en offrandes, à mesure que nous développons une culture du partage que nous devenons vraiment ce que nous recevons.

Ce dimanche, le corps eucharistique du Seigneur sera porté en procession dans les rues de Saint-Denis et en beaucoup d’endroits. Des enfants jetteront des fleurs au passage de l’ostensoir. Ce sera une belle manière de dire notre amour à Jésus qui a offert son corps et son sang pour nous et pour la multitude.