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Jésuites à La Réunion
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Investissez pour l’éternité !

Retrouvez ici l’évangile du 22 septembre 2013, 25e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 25 septembre 2013

Retrouvez ici l’évangile du 22 septembre 2013, 25e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

« Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand le sabbat sera-t-il fini pour que nous puissions écouler notre froment ? »

Au temps d’Amos, les commerçants respectaient le congé du samedi, le sabbat était sacré - notre dimanche ne l’est plus trop - et puis à chaque nouvelle lune, ils interrompaient aussi leur travail, c’était la Loi ; mais au fond, ces moment de repos étaient vécues à contrecœur. Vous comprenez, les vacances ne font pas bon ménage avec les affaires, comme chacun sait : Time is money !

Le prophète Amos dénonce cette avidité au gain ainsi que toutes les combines et les tricheries qu’on inventait pour se faire de l’argent. Ici on diminuait les mesures, là on faussait les balances, ailleurs on vendait jusqu’aux déchets du froment ; Amos ne manquerait pas aujourd’hui d’épingler les affaires de fausses factures, de salaires fictifs, d’évasion fiscale, de spéculations et profits indécents, d’économie souterraine, de blanchiment d’argent sale, et cette histoire de viande de cheval vendue pour du bœuf... En terme de malversations, l’imagination humaine est sans limites et les lectures de ce dimanche dénoncent toutes ces combines.

« On ne peut pas servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’Argent ». On sert Dieu, le maître de la vie, de la liberté et du bonheur, l’autre, l’argent, on s’en sert sans le servir, on en dispose sans qu’il nous possède.

L’argent n’est pas indigne et personne n’est coupable d’en avoir, cependant il faut être vigilant car il possède un pouvoir de séduction qui peut nous aliéner.

C’est la triste situation où se trouve l’intendant de la parabole que nous méditions. Un homme riche lui a confié la gestion de ses biens et l’intendant s’est laissé aller à quelques bidouillages. Son mode opératoire était simple : à l’époque, en Palestine, les propriétaires ne rémunéraient pas leurs intendants, ces derniers se payaient eux-mêmes par des taux d’intérêt. Nos banques procèdent de la même manière avec les emprunteurs.

Le gestionnaire de la parabole avait eu pour client des petits paysans qui, pour vivre, avaient dû emprunter du blé, de l’huile moyennant des taux énormes de 25% et même à 100%. L’intendant n’avait pas eu la main légère, c’était tout bonnement un gros usurier. Mais vous savez, c’est toujours la même histoire, quand on est pauvre, la marge de négociation est maigre.

Et voilà qu’un beau jour, l’intendant est pris à son piège ; le propriétaire qui a eu vent son trafic menace de le licencier. Pour éviter cette infortune et sauver son poste, le coquin d’intendant va rogner sur ses marges et falsifier les pièces comptables.

Comprenez bien, Jésus ne fait pas ici l’éloge de la malhonnêteté – qui peut imaginer un instant que l’évangile encense les escrocs et l’âpreté au gain ? Non, Jésus plaide ici en faveur de l’amitié. On l’entend presque dire : « Je ne vous appelle plus débiteurs mais amis ! »

Instaurer des relations d’amitié, voilà une noble fin, et l’argent peut y aider. Et puisqu’aucun sou, aucun bas de laine, aucun bien ne nous accompagneront dans l’au-delà, alors mieux vaut s’en servir en le distribuant pour se faire des amis.

En plumant les pauvres, l’intendant courait à sa perte et creusait sa tombe, en les délivrant de leur dette, non seulement il gagnait leur amitié mais il assurait aussi son salut. Oui, un pauvre qu’on soulage c’est un investissement pour l’éternité.

Que devons-nous retenir ? Frères et sœurs, il importe de refuser toute idole et l’Argent, avec tout le pouvoir séducteur qu’on lui connaît, en est une. Le bonheur qu’il promet est un mensonge. Comment nous dégager de ce piège ? Faites-vous des amis avec l’argent trompeur dit Jésus, utilisez le pour soulager les pauvres, parce que le Royaume de Dieu est à eux.

Au fond, quand l’argent est un moyen au service du partage, du bien commun, de la communion, alors il n’est plus vicié, il participe à une entreprise spirituelle, l’entreprise de Jésus, qui de riche qu’il était s’est fait pauvre, s’est dépouillé de tout pour gagner ses frères.

Ainsi, nous l’avons vu lui qui se rangeait parmi les petits. Et nous l’avons entendu dire aux hommes qui avaient une dette envers Dieu : « Je ne vous appelle plus débiteurs mais amis ! »

Et puis d’autres ont marché sur ses pas. Quand ils avaient des biens, ils n’étaient pas pour eux, ils les mettaient au service du développement, du mieux-être de tous, de la liberté, de la paix. Ceux-là sauvaient l’honneur de notre Église contestée pour ses trop grandes de richesses. A leur exemple, ne soyons esclaves de rien, servons un seul maître, non pas Mammon, mais l’amour, car l’amour ne passe pas.