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Jésuites à La Réunion
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Le jour où Jésus s’est mouillé vraiment

Retrouvez ici l’évangile du 12 janvier 2014, fête du Baptême du Seigneur (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 13 janvier 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 12 janvier 2014, fête du Baptême du Seigneur (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

La fête du Baptême du Seigneur vient marquer la fin du temps de Noël. Jusque-là, Dieu nous dirigeait vers l’.enfant de la crèche par la voix des anges, par le scintillement d’une étoile, par le chemin des songes et des mages, par le silence de Marie contemplant le nouveau-né. Mais aujourd’hui Dieu parle directement, sans intermédiaire, dans une conversation à trois personnes.

« Baptême du Christ » : Jésus, l’Esprit Saint sous forme de colombe et Jean-Baptiste (détail)

Jésus tout d’abord paraît sur les bords du Jourdain, il rejoint la foule qui se presse autour de Jean Baptiste. À l’endroit où officie le précurseur, nous savons que le fleuve coule à plus de 300 mètres en-dessous du niveau de la mer, d’ailleurs, « Jourdain » signifie « le descendeur ». Un mélange de petits et de grands pécheurs, une assemblée d’hommes et de femmes qui viennent pour être lavés, guéris et absouts. Les foules qui se sont rassemblées sentent que leur vie est descendue très bas, qu’elles sont toutes plus ou moins abîmées par le péché. Ils n’en sont pas fiers, ils veulent se convertir et tous espèrent un baptême pour revivre, tous comptent sur les eaux du Jourdain. N’est-il pas le fleuve que les pères avaient franchi pour entrer en terre promise, le fleuve qui irrigue abondamment ce qui est bas ?

Qui n’a pas désiré un jour être purifié ? Qu’on soit peuple du Jourdain, de l’Amazone, du Niger ou du Gange, beaucoup viennent vers les eaux avec un grand désir de vie renouvelée, de bénédiction et de grâce.

Jésus prend place au milieu des pénitents, il attend son tour comme les autres. Il veut se faire baptiser. Bien sûr, Jésus n’a nul besoin du baptême de Jean. La conversion, la purification n’est pas utile à l’homme au cœur pur et aux mains innocentes et Jean Baptiste le souligne : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi. »

Mais à vrai dire, Jésus n’est pas là pour lui-même ; Jésus est là pour assainir tous ses frères comme une eau pure qui vient assainir les eaux troublées après un cyclone. Pour accomplir cette mission, Jésus se mêle aux gens couverts d’impuretés, il n’a pas peur de se mouiller vraiment.

L’humidité de Jésus qui descend dans le Jourdain marque le début d’un grand assainissement. Et l’Esprit vient confirmer cette œuvre juste. Comme une colombe, l’Esprit qui planait sur les eaux au commencement apparaît au-dessus de Jésus et confirme que la vie est possible, même après un déluge...

Voletant doucement au-dessus du fils, cette colombe toute blanche est signe de la paix qui vient de Dieu. Sa puissance est plus grande que celle des vautours qui tournoient au-dessus des cadavres en décomposition, sa force est supérieure à celle des papangues qui sont à l’affût d’une proie. L’Esprit lui aussi «  est Seigneur et il donne la vie ». Il se pose sur Jésus qui vient faire de chacun de nous des fils et des filles de Dieu.

Mais la théophanie, la manifestation de Dieu, serait incomplète sans le Père ; lui, personne ne l’a jamais vu, sinon le Fils, mais beaucoup ont entendu sa voix ; et d’après vous qui peut- dire : « Celui-ci est mon fils bien aimé », sinon un père ?

Au baptême, la voix du Père annonce que Jésus de est bien son Fils et qu’il inaugure sa mission avec tout son amour et rien d’autre.

Le baptême de Jésus ne nous met pas devant un spectacle qui se déroule à distance. Une signature trinitaire a été tracée sur nos fronts au moment de notre baptême. Avec Jésus, unis dans le même Esprit, nous pouvons dire avec confiance : « Notre Père ».

Le temps de Noël est fini ; nous avons contemplé la naissance de Jésus, chanté le divin enfant, il nous faut désormais le suivre dans la vie adulte, parfois chahutée mais remplie d’espérance. Et si certains jours nous avons l’impression de dériver dans le courant du Mauvais, de retomber très bas, puissions-nous revenir vers la source de notre baptême car l’Esprit qui nous a été donné est avec nous pour toujours, et c’est lui qui assainit tout et qui nous mène par-delà nos chutes et nos souillures vers l’autre rive des eaux, là où Jésus nous précède, là où le Père déclarera à tous : Tu es mon fils, ma fille bien-aimé, en toi, en vous, j’ai mis tout mon amour.

« Baptême du Christ » : le Père (détail)