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Jésuites à La Réunion
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Faites-vous des « trésors dans le Ciel »

Retrouvez l’évangile du 2 mars 2014, huitième dimanche ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 5 mars 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez l’évangile du 2 mars 2014, huitième dimanche ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

 Aucun homme ne peut servir deux maîtres : vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent.



Qui peut vivre sans argent ? L’argent est indispensable pour se loger, se nourrir, et assurer à tous des conditions de vie décentes et dignes ; il est aussi nécessaire aux échanges, au commerce et aucune économie moderne, aucun modèle social ne peut s’en passer. On sait bien qu’il ne fait pas le bonheur mais quand il manque, quand on n’arrive plus à boucler les fins de mois, que d’angoisse. Quand Jésus fait l’éloge de la pauvreté de cœur, je ne crois pas qu’il fasse l’apologie de la misère. En revanche, Jésus s’oppose à la puissance excessive voir même à la tyrannie de l’Argent qui voudrait bien prendre la première place. À cet égard, notez bien que Jésus ne parle pas d’argent mais de « Mammon », ce dieu païen que certains vont servir et adorer comme s’il était le maître. N’est-ce pas lui qui attise la convoitise, la jalousie et les rivalités, n’est-ce pas lui qui ronge les sangs d’Harpagon, n’est-ce pas lui qui est à l’origine d’un tas de scandales de corruption, de fraude ou de vol, et pourtant, son pouvoir de fascination est hallucinant !



La Française des jeux a bien compris que la richesse est pour beaucoup la mesure du bonheur et de la respectabilité. Alors, bingo, on vous fait miroiter des millions par des petits jeux de grattage. Contre cette frénésie, les chrétiens doivent manifester que l’on peut être heureux en adoptant un train de vie plus modeste, en optant pour plus de sobriété et en luttant pour la justice.



Tous les évangiles le soulignent ! Servir l’argent, c’est se détourner du vrai culte de Dieu. Alors essayons de quitter cette mentalité qui juge la réussite d’une personne à l’aulne de ce qu’elle a, et non pas au regard de ce qu’elle est.



Cela ne veut pas dire que les chrétiens méprisent les choses matérielles, ils ne condamnent pas la richesse, mais ils savent que ce ne sont que des moyens et non un but en soi. Quand je franchirai les portes du royaume, mes actions en Bourse, mon gros portefeuille, ma résidence secondaire, ma voiture à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux, bref, toutes ces choses que j’aurai défendu, protégé, sécurisé ne me serviront de rien. J’aurai beau avoir multiplié les systèmes d’alarme, les garanties, les assurances tous risques, il me faudra sortir de ce monde, comme j’y suis entré, les mains vides.



Aussi, ne vous faites donc pas tant de soucis ; « ne dites pas : qu’allons-nous manger ? qu’allons-nous boire ? ou encore : avec quoi nous habiller ? ». Cela étant dit, de grâce ne faisons pas d’angélisme car évidemment il y a des soucis auxquels nul ne peut échapper : la santé, la vie de famille, l’avenir des enfants, le
travail...



Quand Jésus lance trois fois le même impératif « Ne vous faites pas tant de soucis », il vise trois domaines –la nourriture, l’habillement et l’avenir– et il avertit de ne pas en être obsédé. Ces mises en garde prennent une grande actualité quand nous devenons obnubilés par la bouffe, la mode ou les marques. Que d’enfantillages ! Comme si le bonheur de madame était d’acheter sa robe chez Y...



Ce qui est spirituellement immature et défaillant dans ce genre de soucis, c’est un manque de confiance en Dieu. À force de vouloir nous rassurer matériellement, nous finissons par douter de la Providence ! C’est pourquoi Jésus nous recadre et nous demande de nous tourner vers l’essentiel : cherchez d’abord le Règne de Dieu, faites-vous des « trésors dans le Ciel » !

Des « trésors dans le Ciel », qu’est-ce que cela veut dire ? Ceux qui se lancent dans cette recherche découvriront que le trésor n’est pas un objet, mais une rencontre avec Jésus lui-même. Et si cette rencontre est authentique, elle incitera au partage plutôt qu’à l’accumulation.



Si cette rencontre avec Jésus est authentique, on comprendra que vouloir gagner le monde entier, ça ne sert à rien si cela conduit à perdre sa vie. Si cette rencontre avec Jésus est authentique, on aura à cœur d’accomplir la maxime suivante : « Tout ce qui n’est pas partagé est perdu ! ».



Demandez-vous : quelle décision prendre pour qu’une brèche s’ouvre dans la muraille du matérialisme ambiant. Que le carême qui commencera ce mercredi nous apprenne à dompter nos appétits ; pourquoi ? Pour que notre confiance soit bien centrée sur Dieu et que brillent les valeurs de l’Esprit qui imprègne la vie de Jésus et le message de l’Évangile.

Illustration : lusile17.centerblog.net