Bandeau
Jésuites à La Réunion
Slogan du site

Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

Au cœur de la nuit jaillit la lumière

Retrouvez l’évangile du 30 mars 2014, quatrième dimanche de carême (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 1er avril 2014
dernière modification le 4 avril 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 30 mars 2014, quatrième dimanche de carême (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

_

 L’homélie

Quand on veut prier, il est bon de se tenir loin de la cuisine où mijote un civet, sinon on risque bien d’être distrait et de passer à côté de la saveur de la Parole de Dieu. Quand on veut prier, il est bon aussi d’éteindre sa radio et de couper sa télé, tant pis pour Les feux de l’amour ou tout autre feuilleton, car c’est au cœur du silence que parle le Seigneur.

Et quand on veut prier, que devons-nous faire de nos yeux ? Vous remarquerez que ceux qui prient les ferment souvent. C’est une manière d’interrompre le flot d’images qui défilent en continu. N’est-ce pas au cœur de la nuit que jaillit la lumire la plus intense ?

Pour l’aveugle-né, l’illumination se fait par étapes. Entre le moment où il se plonge dans la piscine de Siloé et le moment où ili se prosterne aux pieds de Jésus, il y a toute une progression. Nous pensons souvent qu’il faut avoir la foi pour témoigner, eh bien l’aveugle nous montre que c’est en témoignant que l’on consolide la foi.

Dans l’entourage, on n’en croit pas ses yeux, on hésite : « C’est bien lui », mais non, « c’est un autre qui lui ressemble ». Et l’aveugle se défend : « C’est bien moi ».

Tous devraient se réjouir du miracle mais c’est la suspicion qui s’installe avec un tourbillon de questions et d’interrogatoires auxquels l’aveugle doit faire face. On lui demande qui lui a rendu la vue, première réponse : « L’homme qu’on appelle Jésus ». Jusque là, l’aveugle est réservé, il se contente d’un prénom, alors on insiste : « Et toi, que dis-tu de lui ? ». « C’est un prophète ! ». Cette deuxième réponse est beaucoup plus personnelle et clairvoyante mais elle ne satisfait pas ; alors, les questions des scribes et des pharisiens fusent de nouveau, à tel point que l’aveugle tente d’ouvrir les yeux des autres quitte à prendre des risques : « Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».

Au fond, à force de témoignage face à des adversaires récalcitrants, l’aveugle-né affine ses convictions ; comme un photographe qui fait une mise au point, l’aveugle passe du flou vers quelque chose de très net, tant et si bien qu’au final, Jésus devient clairement le sujet de sa foi : « Je crois, Seigneur » - Credo ! Quel chemin, quelle course d’obstacles a parcouru l’aveugle pour passer de la vision de la chair à la vision de la foi !

Cet aveugle-témoin, mes amis, c’est un peu notre modèle, nous qui dirons dans un instant : Credo.

Mais est-ce que nous mesurons bien la portée de notre profession de foi ?

Retenons ce qu’en dit saint Paul : « Autrefois, vous n’étiez que ténèbres, maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ».

C’est clair, par la foi, nous affirmons que Dieu nous change radicalement. C’est pourquoi tout pessimisme sur la nature humaine, sur nos défauts irrécupérables, sur nos tares congénitales, est une vision étriquée de la puissance de Dieu, une forme d’aveuglement spirituel.

Les pharisiens en sont là. Imperméables à tout signe de changement, incapables de discerner l’œuvre de Dieu, ce sont eux qui sont aveugles. En fait, leur religion est grippée. Pour eux, Dieu fait payer chèrement aux hommes leurs péchés, on récolte ce qu’on mérite. Le problème, c’est qu’à force de penser de cette manière, on insinue que Dieu est complice du Mauvais. C’est un comble !

Vous, ne pensez pas ainsi, approchez-vous plutôt du Christ : Il n’est pas venu souligner nos défauts et distribuer des blâmes, il est venu pour semer de l’espérance ; il n’est pas venu enfoncer les pécheurs, il est venu leur offrir le pardon ; il n’est pas venu parmi nous pour nous laisser croupir dans les ténèbres et la mort, avec lui nous retrouvons la lumière et la vie : voilà la bonne nouvelle de l’Évangile. Alors, quand vous prierez les yeux fermés, faites confiance et le Christ vous illuminera.