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Jésuites à La Réunion
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Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur

Retrouvez ici l’évangile du 13 avril 2014, dimanche des Rameaux (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 16 avril 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 13 avril 2014, dimanche des Rameaux (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

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 L’homélie





Jésus entre à Jérusalem dans un climat d’allégresse : on brandit des feuillages, on jette à terre son manteau pour accueillir le roi. Jésus méritait bien ces acclamations, car à son contact, un souffle d’espérance avait ranimé les cœurs brisés et les esprits abattus. Là où était la tristesse, lui, avait mis la joie, là où était la faute, lui, avait offert le pardon, là où était la désolation, lui, avait relancé la louange. À Jérusalem, on imaginait qu’il allait s’emparer du pouvoir, remanier les institutions, redorer le blason de la maison de David.



Cela faisait des années que les braves gens de Jérusalem en avaient assez des humiliations romaines, cela faisait des années qu’ils n’en pouvaient plus de subir l’oppression des docteurs la loi. Politiciens et religieux faisaient peser sur leurs épaules des fardeaux trop lourds. Qui à leur place n’aurait pas rêvé d’une vie plus douce ?


Mais l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, ce n’est pas la descente des Champs-Élysées après une belle victoire, c’est une prophétie. Le Christ régnera bien sur Jérusalem, mais sur la Jérusalem d’en haut où la création tout entière, régénérée à Pâques, l’acclamera pour de bon.



Aujourd’hui, avec des branches dans nos mains, nous chantons la victoire du Messie. Qu’est-ce que cela signifie ?


Certaines personnes s’imaginent que leur vie s’achève au tombeau. Leur vue ne va pas plus loin que la matière ; par delà la mort, elles n’espèrent rien, ne croient rien, n’imaginent rien ! D’autres encore ferment les yeux sur les douleurs des hommes ; les injustices ne les révoltent pas, puisque tout va bien pour eux, eh bien ma foi, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.


Le récit que nous venons d’entendre nous pousse à voir la réalité autrement : nos vies ne seront pas sans épreuve, elles passeront par la Passion et n’échapperont pas à la mort. Cependant ce passage ne sera pas morbide, nous serons élevés dans la gloire.


Le Christ Jésus, ayant partagé nos naissances et nos morts, le Christ Jésus, ayant assumé nos passions et nos croix, a refait toute chose nouvelle. Le monde ancien s’en est allé et la semaine sainte qui commence aujourd’hui nous tourne vers le monde nouveau qui est déjà né. Pour cette migration vers le paradis, point n’est besoin de GPS, le Christ a tracé le chemin, le bon larron l’a suivi alors nous le suivons nous aussi, puisqu’il est notre délivrance.


Avec Jésus, un espoir s’était ouvert, il s’était affiché bien des fois comme le champion de la lutte des classes, comme le défenseur des pauvres et des damnés de la terre. Alors, les acclamations s’élèvent quand il entre à Jérusalem. « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux... »

La foule en liesse chante son roi. Les autorités s’en alarment : leur pouvoir est en danger, le peuple est en train de basculer dans la révolution. S’ils ne font rien, ce sera le coup d’État. En plus, c’est la pâque, ili y a un monde fou à Jérusalem, il faut donc agir vite. Le petit âne qui porte Jésus n’a pourtant rien à voir avec une escorte martiale, mais sait-on jamais, la contagion évangélique pourrait bien gagner tous ces gens. Alors, en quatre jours on s’organise, on recrute de faux témoins, le téléphone arabe fonctionne bien. L’opinion abreuvée de ragots est retournée comme une crêpe.


L’entrée triomphale à Jérusalem prend fin, le cortège enthousiaste est dévié vers une route de douleurs, vers un chemin de mépris et de dérision.


L’ânon est rendu à son propriétaire alors peut commencer la révélation du Roi doux et humble venu porter sur lui la totalité des âneries humaines.


Le dimanche des Rameaux est aussi celui de la passion du Seigneur.


Parler de passion c’est parler d’amour irrésistible, de fougue, de cœur qui brûle pour un être, pour une belle cause.


Mais parler de passion, c’est aussi se laisser toucher par la souffrance, celle des corps douloureux, celle des cœurs tourmentés, celle des victimes innocentes, celle des âmes tristes à en mourir.


Passion et souffrance, passion et amour, nous entrons avec le Christ dans la semaine sainte, il souffre avec tous ceux qui souffrent, il aime ceux qui ne l’aiment pas. Le bois de sa croix, son cœur transpercé, son tombeau ouvert et vide, les messagers de la résurrection, bref, tout racontera la victoire du Messie. Et cette victoire la voici : la vie des hommes, notre vie ne retournera pas à la poussière car l’être du Christ s’y est infiltré, c’est la cause qu’il est venu défendre avec passion, avec amour, c’est la vie de tout homme.


Oui, Jésus, je le crois et je l’annonce, ta Pâque nous comblera des grâces de victoire, de paix et de vie éternelle. Alors, confiance, et bonne semaine sainte.