Bandeau
Jésuites à La Réunion
Slogan du site

Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

La bonté de Dieu n’a pas d’heure

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 21 septembre 2014, 25e dimanche ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 22 septembre 2014

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 21 septembre 2014, 25e dimanche ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Jésus nous emmène aujourd’hui sur la place d’un village, où se sont rassemblés de grand matin des journaliers. Une horloge égrène les heures qui passent. Au final on découvre que chacune de ces heures est réglée sur la bonté de Dieu, la même pour tous.

Pour nous, tout travail mérite salaire et celui qui travaille douze heures mérite plus que celui qui travaille une heure, cela nous paraît normal et juste... donc les derniers embauchés, les fameux ouvriers de la 11e heure, ont fourni moins d’efforts, ils n’ont pas enduré le poids du jour et la chaleur du soleil, par conséquent, selon un principe de juste rétribution : ils méritent moins.

La parabole nous oblige pourtant à considérer les choses autrement. Et elle est déroutante, cette parabole parce qu’elle donne l’impression que la règle de Dieu serait : travailler moins et gagner autant ! Pensez donc, avec un tel principe, c’est la ruine assurée de l’économie, mais surtout on se demande si Dieu n’est pas injuste ?

Essayons d’accueillir ces pensées qui ne sont pas nos pensées, sans récriminer contre Dieu, sans lui faire porter le chapeau de l’injustice et des mauvaises recettes économiques.

Posons simplement une question : qu’est-ce qu’ont fait les derniers avant d’être embauchés ?

Comme tous les journaliers de l’époque, ils sont venus tôt le matin sur la place du village avec l’espoir d’être embauchés, mais ils n’ont pas eu de chance... comme ils le disent : « Personne ne nous a embauchés. » Ils étaient bien là depuis la première heure et ils ont dû prendre leur mal en patience comme beaucoup de personnes qui aujourd’hui attendent une embauche pendant des jours, des mois...

Les ouvriers de la 11e heure n’ont rien fait comme ouvrage, c’est vrai, mais ils n’étaient pas pour autant en repos... L’attente d’un travail, nous le savons, n’est pas synonyme de délassement ou de paresse : c’est souvent vécu comme une épreuve.

Épreuve d’un père de famille sans emploi...

Épreuve d’une personne qui se morfond dans l’ennui...

Épreuve d’un intérimaire qui ne peut rien construire de durable...

Épreuve des travailleurs qui sont devenus moins intéressants que les machines ; personne ne les embauche car des robots sont désormais plus rentables...

Épreuve d’un jeune qui se présente sur le marché de l’emploi, et que personne n’embauche parce qu’il n’a pas d’expérience professionnelle ; mais qui n’a pas été débutant dans la vie ? Qui savait marcher quand il est venu au monde ? Qui savait lire quand il est entré à l’école ? Qui connaît son métier avant de l’avoir exercé ? Tout le monde doit passer par des commencements successifs !

Des commencements successifs, nous voilà au cœur de la parabole. Une parabole qui utilise les images de la vie économique, mais qui parle en réalité du Royaume ; une parabole qui nous révèle la bonté de Dieu à toute heure.

La pièce donnée aux premiers comme aux derniers, sans différence, n’est pas un salaire, comme cela se passe dans les échanges économiques, la pièce que chacun reçoit c’est une entrée dans le Royaume. Celle-ci n’est pas un dû, c’est un don, celle-ci n’est pas une rémunération, c’est une offrande de Dieu. Les Pharisiens ont construit leur vie spirituelle sur le principe d’une juste rétribution, c’est pourquoi ils attendent le Royaume comme un dû, comme une juste récompense ... et bien, ils n’auront qu’une vision limitée de du Dieu généreux et bon.

En revanche, les derniers qui n’ont pas beaucoup de mérites, les pécheurs, ceux que l’on croyait perdus du plan de salut, nous aident à comprendre comment la bonté de Dieu rattrape le tir, comment sa miséricorde remet les pendules à l’heure.

Son plan de salut est aussi large que possible. Du début jusqu’au terme de l’histoire, Dieu vient à la rescousse des hommes. A la fin de de la parabole, la place du village est vide et la vigne du Seigneur est pleine. Le Seigneur a ouvert son domaine à tous, et les derniers venus n’auront pas moins que les premiers.

Vas-tu regarder avec un œil mauvais sa volonté de partager sa grâce à parts égales ?

Si tu trouves cela injuste, un conseil, va faire un tour à Pôle emploi, place-toi avec ceux que personne ne veut embaucher, perçois combien c’est éprouvant, combien c’est usant d’attendre un job pendant des heures, dans la plus grande incertitude ; attends et vois alors comme elle est bonne cette 11e heure, cette heure du salut in extremis. Voilà l’heure du maître bienveillant, l’heure du Christ réglée sur la bonté du Père qui nous aime à parts égales.