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Ce jour où les mages ont pris Jésus comme boussole

L’évangile du dimanche 4 janvier 2015, fête de l’Épiphanie, l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 4 janvier 2015
dernière modification le 30 janvier 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

L’évangile du dimanche 4 janvier 2015, fête de l’Épiphanie, l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Les mages d’Orient, l’étoile qui les guide, l’arrivée des caravanes à Jérusalem, l’or, l’encens, la myrrhe : l’Évangile que nous méditons pour l’Épiphanie a l’allure d’un conte merveilleux.

Ce récit fascinant a inspiré de nombreux peintres, représentant la pauvre crèche de la Nativité avec les rois vêtus d’étoffes somptueuses ; l’histoire a suscité des chansons populaires, qui parmi nous n’a pas entendu : « De grand matin, j’ai rencontré le train de trois grands rois qui partaient en voyage... » et puis l’étoile mystérieuse a provoqué la curiosité des chercheurs. Certains ont affirmé qu’il s’agissait d’une conjonction de planètes, d’autres ont parlé d’une comète ou d’une étoile qui aurait libéré une immense splendeur après une explosion interne. Les savants continuent de discuter ! Pour nous, l’événement de lumière, le grand éclat de Noël, c’est le Christ lui-même. Son amour qui s’en vient embraser le monde, c’est cela la manifestation, l’épiphanie de Dieu.

En Orient, on connaissait vaguement le Dieu d’Israël. Mais lui, ce n’était pas d’hier qu’il avait donné rendez-vous aux étrangers. Bien avant que l’étoile ne paraisse, Madiane, Epha, Saba, Seba, Tarsis, tous ces noms d’ailleurs, ces noms païens, ces noms d’îles lointaines, étaient inscrits dans le cœur de Dieu et figuraient dans sa Parole. Vous l’avez remarqué, avant d’arriver à Bethléem, les mages font escale à Jérusalem. Durant ce séjour, curieusement, l’étoile s’est éclipsée, alors les mages demandent qu’on leur indique la route. On convoque tous les scribes et l’on cherche dans la Bible où doit naître le Messie. Les mages ont des questions, la Bible a les réponses. Pour moi, quand on scrute la Parole de Dieu, on retrouve le bon chemin.

Cette Parole de Dieu était le trésor d’Israël, mais le peuple élu savait que son Dieu serait un jour la lumière des nations. Voilà le sens de la fête d’aujourd’hui : le Christ associe les païens au même héritage ; en lui, les rois et les bergers, les savants et les gens simples partagent le même salut. Pour le manifester, Dieu s’est appuyé sur une étoile. Une étoile, quand on y pense, c’est une lumière qui rayonne au-dessus des frontières : aucune barrière douanière, aucune muraille de Chine, aucun mur de séparation ne peut l’empêcher de briller chez les voisins.

Une seule chose peut empêcher le rayonnement d’une étoile, ce sont les nuages. Or, il se trouve qu’une masse nuageuse couvre déjà Jérusalem au moment de l’Épiphanie. La ville sainte campe jalousement sur son privilège d’élue et son roi Hérode n’est pas disposé à céder un pouce de son pouvoir. C’est pourquoi il convoque les mages de nuit, en secret, comme s’il voulait étouffer une affaire embarrassante. Il promet de les suivre pour adorer le nouveau-né, mais en vérité, il prépare le massacre des enfants innocents. Ainsi, la jalousie qu’elle soit affective, politique ou religieuse, et la suffisance, nuisent toujours à l’unité du genre humain.

Mais ces nuages ne peuvent arrêter l’amour de Dieu pour tous. Quand est-ce que nous comprendrons que cet amour est comme le soleil, quand il brille sur les uns, il n’enlève rien aux autres, il réchauffe à part entière les premiers comme les derniers.

Alors, gardons-nous de rétrécir le potentiel de salut qui est en Jésus. Le Christ est sauveur des chrétiens, c’est notre joie, mais le Christ est aussi sauveur des autres, et cela devrait nous réjouir tout autant.

C’est pourquoi je vois notre assemblée comme les mages arrivés à destination, comme eux, nous adorons Jésus ; et puisqu’il est le don du Père fait aux hommes de toutes les nations, nous prions pour qu’il attire à lui de nouveaux fidèles.

Le don de Dieu appelle le nôtre : voyez les mages déposer leurs offrandes. De l’or parce que Jésus est roi, de la myrrhe pour l’accompagner jusque dans la mort, de l’encens pour célébrer par avance sa résurrection. Et nous, île lointaine, qu’allons-nous offrir au Christ ? Quelle offrande pouvons-nous apporter à Jésus ?

Saint Ignace propose celle-ci : « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence ; tout ce que j’ai, tout ce que je possède, c’est toi qui m’as tout donné, à toi Seigneur, je le rends, et donne-moi ta grâce, elle me suffit.

Une dernière petite chose : l’Évangile nous dit que les mages regagnèrent leur pays par un autre chemin. Cet autre chemin, c’est le chemin du salut, de la paix, de la réconciliation et de la vie que le Christ a ouvert. Comme les mages, faites de lui votre boussole, marchez sur le chemin de Jésus.