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Jésuites à La Réunion
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Embarquons dans la caravelle de Jésus

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 22 février 2015, 1er dimanche de carême (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 22 février 2015
dernière modification le 2 mars 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 22 février 2015, 1er dimanche de carême (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Le désert, de plus en plus de gens en rêvent. Le besoin de déconnecter, de s’extirper des cadences un peu folles et des rythmes stressants, donne au désert un côté attirant.

C’est vrai qu’une balade à la Plaine des sables peut nous requinquer. Mais le désert n’est pas le lieu de détente et de calme absolu que nous imaginons. Les Bédouins qui y vivent savent le lieu particulièrement dangereux. Et quand on regarde l’exode d’Israël, qui demeura quarante ans au désert, on se rend compte des péripéties. À peine libéré d’Égypte, une fois franchie la mer Rouge, le peuple élu est éprouvé par la soif et la faim. Alors, c’est inévitable, les tensions montent. Beaucoup ont le sentiment d’avoir été trompés par des promesses intenables. Comme le dit très bien un proverbe africain : « Ventre vide n’a pas d’oreille ! ». Le manque attise les frustrations et les frustrations finissent par provoquer des émeutes. Pour Moïse, le désert n’est pas un lieu de détente, c’est une terre de combat. Regardez ce qu’est le Sahara aujourd’hui, moi qui y ai passé quelque temps lorsque j’étais au Tchad, je suis atterré de voir le déchaînement de violence qui s’y passe.

À peine baptisé, Jésus est poussé par l’Esprit au désert où il va demeurer pendant quarante jours et être tenté. C’est le premier carême de l’histoire chrétienne. Dans le désert, Jésus n’est pas seul. Il vit parmi les bêtes sauvages qui ne lui font aucun mal et les anges le servent. Cette vie angélique au milieu des bêtes sauvages évoque un univers réconcilié, un monde où la violence a disparu, quelque chose de semblable à l’arche de Noé, où l’homme vit en paix avec les créatures. C’est la récompense du juste qui a trouvé grâce auprès de Dieu, tandis que tous les injustes ont péri.

Au désert, Jésus affûte sa confiance dans le Père, il fait le plein de force avant d’entrer dans l’arène du monde. Il en aura bien besoin car au sortir de ces quarante jours, il sera submergé par les inquiétudes, par les tensions par les souffrances qui afflueront vers lui. Avant d’être embarqué dans ce déluge-là, il s’entraîne au combat dans la solitude. C’est le moment de vérifier qu’il est porté par le Père qui a mis en lui tout son amour. Je le vois comme un coureur de fond qui se prépare pour un grand raid où il devra faire preuve d’une immense énergie.

Au cours de cette préparation, Jésus est tenté, voilà un point sur lequel nous pouvons dire que le Seigneur est bien des nôtres. Car en nous, il faut bien le reconnaître, les tentations poussent comme du chiendent. Soyons attentifs au ruses du Malin. Il nous présente quelques plaisirs savoureux, comme un fruit beau à voir, il se glisse dans nos pensées et nous suggère quelques petits extras plutôt attirants, il agrémente le tout à la sauce « mais ce n’est pas grave » ou bien « allez, on n’a qu’une vie, il faut en profiter »… et c’est parti, on succombe. Mais les effets sont désastreux : l’amertume, la culpabilité, la honte explosent après coup, comme une bombe à retardement. On s’est fait avoir et l’on prend la ferme résolution de ne plus recommencer. Mais pensez donc, le tentateur nous voit arriver, avec nos belles intentions, et il se frotte les mains en se disant : « Toi mon gars, tu ne perds rien pour attendre ! ». Il sait que nous sommes de bons clients au rayon des petites faiblesses et des penchants désordonnés. La situation est-elle irrémédiable ?

Eh bien non, car le Christ va au désert pour en finir avec les tromperies du Malin qui fait ravage en nous et entre nous. Armé de la Parole de Dieu, Jésus prie et jeûne. Au fond, il met en pratique le petit manuel de carême qu’on nous proposait mercredi. Et là où tous avaient échoué, là où nous échouons, Jésus résiste et met le tentateur en échec. C’est une très bonne nouvelle : il y en a au moins un parmi nous qui aura eu le dessus. Bon. Mais pour nous, qu’est-ce que cela change ? Nous ne sommes pas Dieu pour vaincre l’ennemi aussi facilement.

Nous ne sommes pas Dieu en effet, mais nous sommes ses protégés et il vient nous défendre. C’est pour nous que Jésus bataille contre l’ennemi.

Le milieu humain n’appartient pas au Mauvais, il est à Dieu et le Christ est venu reconquérir cette place sacrée, où le mal fomente tant de mauvais coups.

Au fond, Noé était une image du Christ qui prépare l’arche de la nouvelle alliance. Avec lui, l’ennemi sera vaincu et tous les hommes, embarqués dans la caravelle de Jésus, vogueront vers le Père. Alors, laissez-vous conduire par le Seigneur, lui vous mènera sains et saufs vers la terre des vivants. Voilà l’horizon de notre carême. D’ici Pâques, soyons quand même attentifs aux manœuvres de l’Ennemi, demandons à Dieu de mieux les connaître pour mieux les éviter, oui : convertissons-nous en affrontant nos démons, nos tentations, nos attachements qui nous empêchent d’aller de l’avant, et ne doutons pas que le Christ nous conduira à la paix.