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Jésuites à La Réunion
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Que la paix de Jésus console les hommes de notre temps

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 12 avril 2015, 2e dimanche de Pâques (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 13 avril 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 12 avril 2015, 2e dimanche de Pâques (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Il a fallu huit jours à Thomas pour parvenir à la jubilation de Pâques et dépasser les doutes qui l’empêchaient de se réjouir avec les autres disciples. Il n’était pas là, il était dehors lors de la première apparition de Jésus aux disciples. Il n’est pas convaincu par ceux qui l’ont vu. Il arrive qu’à regarder les choses du dehors on passe à côté de l’essentiel. Prenons les vitraux d’une église : si on les regarde de l’extérieur, on ne voit pas grand chose. Ce n’est qu’en pénétrant dans l’édifice, qu’on découvre subitement leur beauté et qu’on en est ébloui. Cette expérience peut nous aider à comprendre que l’éclat du Christ ressuscité provient d’un regard extérieur.

Le Christ est ressuscité, ils sont finis les jours de la Passion... disions-nous dimanche dernier, mais il y a encore beaucoup de gens qui marchent à l’ombre de cette Bonne Nouvelle ; leur existence est tellement galère, leurs plaies tellement à vif, la joie de Pâques n’est pas pour eux. Ils sont les jumeaux de Thomas : incrédules autant qu’inconsolables. Chacun de nous connaît ces jours pesants, ces périodes de vague à l’âme, et ces deuils douloureux.

L’incrédulité de Thomas n’était pas une décision pesée et résolue, son refus de croire était plutôt la marque d’une profonde désolation. Dans sa tête, la montée de Jésus au Calvaire, les cris de la foule et les coups de marteaux qui enfonçaient les clous tournaient en boucle ; Thomas était encore sous le choc de la Passion, hanté par les plaies du crucifié. Huit jours après, voici que Jésus revient. C’est une session de rattrapage pour sauver ceux qui on loupé la première apparition. Dans cette apparition, ce qui est bouleversant, c’est que Jésus exauce la demande de Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté ! ». Comme Thomas, tu veux toucher les plaies de l’homme, eh bien vas-y, il y a de quoi faire : là tu pourras peut-être saisir la puissance de Dieu, sa miséricorde qui répond à nos misères.

L’Évangile ne dit pas que Thomas ait mis les mains dans les plaies de Jésus. Mais l’apôtre, qui avait été si hésitant, nous laisse une remarquable profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Ce qui a chassé le trouble de Thomas, ce qui a guéri sa tristesse, ce sont les plaies de Jésus. Et nos plaies à nous, qui pourra les guérir, nos spleens, qui pourra les chasser ?

Parce que tu m’as vu, tu crois, dit Jésus, « heureux celui qui croit sans avoir vu ». L’Église est l’assemblée de ceux et celles qui croient sans avoir le Ressuscité de visu, mais qui sentent combien l’Évangile, transmis de manière ininterrompue par l’Esprit, nous comble de paix, de joie et de vie. Thomas y accède, un peu après les autres, mais il n’est jamais trop tard pour recueillir les fruits de la foi.

Et pourtant, que d’énergie perdue dans le doute, avec cette rengaine de Thomas répétée à l’infini : « Moi je demande à le voir, pour croire ! » Mais qui a semé en l’homme cette méfiance, cette peur d’être dupes et trompés ? On se méfie, mais au fait, qu’est-ce qu’on y gagne ? En vérité, avec le doute, on étouffe l’allant et l’enthousiasme qui naissent de la foi, avec le doute on avance dans le flou, avec le doute, on se prive de la miséricorde de Dieu, celle que nous fêtons spécialement aujourd’hui. En fin de compte, avec le doute, on croit gagner quelque chose alors qu’on n’est sûr de rien et qu’on perd l’essentiel. Tenez, mettez-vous à douter de l’amour de vos proches et vous verrez le résultat, alors qu’il suffisait d’y croire pour être heureux.

Frères et sœurs, heureux sommes-nous de vivre portés par la foi, heureux comme les oiseaux qui se laissent porter par les airs qu’ils ne voient pas. Dieu est aussi discret que l’air mais si nous nous recueillons dans la prière, si nous mettons tout dans sa main, y compris nos blessures, nous serons comblés de paix, de joie et de vie.

Au cours des jours saints, nous avons pris la mesure du pardon offert par le Christ, nous avons contemplé sa lumière qui a embrasé les ténèbres, nous avons goûté la vie nouvelle qui a commencé à poindre au matin de Pâques, toutes ces grâces se condensent aujourd’hui dans une parole : « La paix soit avec vous ». Ce n’est pas un simple bonjour, une formule de politesse, non, c’est la première parole que le Ressuscité adresse à son Église.

Alors, que la paix de Jésus se répande largement et console vraiment les hommes de notre temps... et que la paix du Seigneur soit vraiment et toujours avec vous.