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Jésuites à La Réunion
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Que notre vie chrétienne soit active comme la Fournaise

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 24 mai 2015, 4, Solennité de la Pentecôte (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 24 mai 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 24 mai 2015, 4, Solennité de la Pentecôte (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie


Après l’Ascension, les disciples attendaient l’Esprit. Il va se manifester sous forme de langues de feu. Jésus leur avait transmis une parole chaleureuse. Pouvaient-ils la laisser s’éteindre ?

Depuis une semaine, la fournaise est en éruption ; des gerbes de feu sortent de la chambre où le magma était comprimé. Sans cette activité, notre île ne serait rien. Eh bien, la Pentecôte, c’est une forme d’éruption. Les disciples ne tiennent plus dans la chambre haute où ils étaient confinés. Leur foi, attisée par l’effusion de l’Esprit, va se propager. Les Douze, qui n’avaient jamais quitté leur petit pays, sont tout à coup face à des croyants venus d’Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d’Égypte, de Libye et d’ailleurs. Tout ouïe, ces nations les écoutents, s’étonnent et s’émerveillent. Ce jour de la Pentecôte, les apôtres deviennent l’Église missionnaire, l’Église hors les murs.

Cette mission-là se poursuivra dans une longue lignée de témoins, chargés de porter la Bonne nouvelle dans un voyage au long cours qui ira progressivement de nation en nation et de siècle en siècle.

Chaque fois qu’on est tenté de se replier sur soi, de se contenter de nos routines confortables, à cause d’une foi tiède, d’une espérance frileuse et d’une charité étriquée, on s’éloigne de la Pentecôte car le franchissement des frontières, le dépassement des clivages et des préjugés est la marque de l’Esprit. Si c’est bien l’Esprit qui met nos pas dans ceux de Jésus, alors, nous établirons des liens chaleureux, y compris avec ceux qui ne sont pas encore du sérail ; nous préférerons les perspectives larges aux horizons rétrécis et aucune peur ne pourra altérer notre capital confiance.

Dans l’évangile, Jésus appelle l’Esprit : le Défenseur. Il jouera donc le rôle de l’avocat qui se tient à côté de l’accusé et qui l’assiste pour démontrer qu’il n’est pas coupable. Donc, selon Jésus, nous allons avoir besoin d’être défendus. Mais contre qui ou contre quoi ?

Nous savons que les premières générations chrétiennes ont été très vite en butte à des persécutions. On les accusait d’être une secte dangereuse, une menace pour les institutions en place, on leur reprochait d’avoir des pratiques déviantes et même immorales. Dans ce contexte hostile, on comprend la nécessité d’être soutenu par un Esprit de force et de courage.

Mais nous, aujourd’hui, contre quoi ou contre quoi avons-nous besoin d’être défendus ? Sûrement contre des idéologies anti-chrétiennes, celles qui en Orient déciment les croyants et rasent les Églises, mais aussi celles qui chez nous, nous regardent avec mépris et dédain, comme si nous n’étions qu’une bande d’arriérés à la traîne des évolutions du monde et en dehors du progrès de l’Histoire. En pointant les erreurs de l’Église, qui sont réelles, j’en conviens, l’adversaire aura beau jeu d’accuser. Mais sommes-nous responsables de tous les errements qui traversent l’Histoire ? Sommes-nous la cause de tout le mal qui ravage le monde ? Le pire serait de le croire et de laisser la culpabilité nous accabler, au point de nous forcer à baisser les bras. Ne vous y trompez pas, à travers ses fidèles et leurs faux-pas, c’est Dieu que l’Ennemi cherche à atteindre.

Chrétiens, dans le flot des nouvelles déprimantes, nous sommes la mémoire d’une réussite, celle du Christ qui a sauvé le monde.

Le Christ a lutté pour une vie meilleure, plus juste, plus fraternelle, le Christ a défendu les pauvres, le Christ a libéré les pécheurs, en lui, tout a été accompli, absout et pardonné. Au prix fort, le Christ nous a délivrés de la mort et ouvert le chemin de la paix. C’est pour défendre cette victoire du Christ que l’Esprit nous est donné. Que les dons de Sagesse et d’Intelligence, de Conseil et de Force, de Science, de Piété et de Crainte de Dieu, que ces sept dons de l’Esprit nous aident à cultiver notre foi, notre espérance et notre charité.

La vie de l’Esprit, c’est un peu comme le sport ou les langues : sans exercices, elle ne progresse pas, pire, elle dépérit. Chacun peut s’interroger : quel temps consacre-t-il à la prière, à la lecture de la Parole de Dieu, aux sacrements pour revitaliser sans cesse son espérance et sa foi ? Et à propos de la charité : quels sont nos engagements concrets pour construire un monde plus fraternel, plus pacifique, plus chaleureux ?

Ce matin, unis dans la prière, comme Marie et les disciples le jour de la Pentecôte, prions pour que notre vie chrétienne soit aussi active que la Fournaise ; avec la force de l’Esprit, poursuivons l’œuvre de Jésus.