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En Jésus, l’amour ne répudie personne

Retrouvez ici l’évangile du 4 octobre 2015, 27e dimanche de Pâques (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 6 octobre 2015
dernière modification le 30 octobre 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvezici l’évangile du 4 octobre 2015, 27e dimanche de Pâques (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Le mariage, la famille, le divorce... l’Église est en pleine réflexion sur ces questions devenues incontournables.

Chacun de nous connaît des personnes séparées, divorcées puis remariées : des collègues de travail, des membres de notre famille, nos propres enfants, de très bons amis. Certains parmi nous, malgré tous les efforts accomplis, n’ont pas pu recoller les morceaux, leur couple n’a pas tenu. Le divorce était la seule manière pour sortir des conflits à répétition, la seule manière parfois de se protéger et de mettre les enfants à l’abri, la seule manière de fuir une atmosphère irrespirable. Jésus n’accable pas les cœurs tristes et déchirés.

Mais tentons tout de même de comprendre l’évangile. Je crois qu’il rejoint une actualité où comme jamais le cadre de la famille traditionnelle s’est trouvé autant ébranlé.

Imaginez qu’on vous demande dans un sondage d’opinion : Est il permis de divorcer ? » Réponse de Jésus : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère ! » Avec une telle réponse, vous êtes grillé net, taxé de réacs et d’intolérants. On vous dira : vous n’êtes plus dans le coup, vous ne comprenez rien à l’évolution des mœurs, chacun a le droit de faire ce qu’il veut de sa vie, de ses sentiments, de sa liberté.

Dans ce procès en intolérance, vous serez avec Jésus dans le box des accusés, car c’est bien à cette place que les pharisiens comptent le mettre : Des pharisiens s’approchèrent de lui pour le mettre à l’épreuve ». Ceux-ci ne cherchent pas à clarifier quelques questions floues, ils veulent piéger Jésus, le mettre en contradiction avec les Écritures. Alors, leur question porte sur ce qui est permis et défendu.

Jésus qui est venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, ne va pas se laisser prendre au piège d’une pensée légaliste. En citant la Genèse, il va remonter à la source, à la création du premier couple humain. C’est la toile de fond, le tableau idéal du plan de Dieu sur le couple.

Adam, seul au milieu des créatures, recherchait une compagne. Ève va devenir à ses yeux, l’os de ses os, la chair de sa chair. Elle est désignée comme son égale.

Nous n’imaginons pas comme cette égalité de nature est un scoop car dans beaucoup de traditions voisines, la femme appartenait au cheptel de l’homme.

Adam ne voit plus Ève comme une partie du troupeau, il reconnaît en elle l’être qui lui convient parfaitement. Et ensemble, ils vont poursuivre l’œuvre de Dieu en faisant naître d’autres vies. Au commencement, donc, il y avait la communion de l’homme et de la femme. C’est cette communion, cette rencontre harmonieuse de deux qui ne font plus qu’un, qui confère au mariage sa valeur de sacrement. Au fond, au point alpha de la création, Dieu veut le couple heureux et fécond.

Mais la jalousie, l’envie, l’infidélité, le mensonge, la violence se sont glissés dans le bel amour originel. Et nous mesurons combien tout cela est amer, chaque fois que des cœurs épris l’un pour l’autre finissent par se détester, chaque fois que des promesses échangées pour la vie se rompent avant le terme, chaque fois qu’on recourt à un juge pour dissoudre une alliance qu’on avait désiré indissoluble. Personne ne désire en arriver là, mais que faire quand l’amour déraille ?

Moïse avait autorisé la répudiation de la femme, mais il avait exigé un certificat motivé car les hommes répudiaient pour toutes sortes de motifs futiles ; tenez, un simple dîner brûlé et c’en était fini d’un mariage. Les femmes étaient ainsi sans protection devant l’arbitraire de leur mari. Quand on sait cela, on juge les propos de Jésus un peu moins durs qu’ils ne paraissent.

Aujourd’hui, force est de constater que nos lois, alimentées par une conception de la liberté et de l’amour, ont amplifié la tendance. Elles ont ouvert des brèches qui font trembler tous les fondements du couple et de la famille.

Certains vous diront que c’est un réel progrès, d’autres que c’est peut-être un moindre mal.

Et vous, qu’en dites-vous ? Moi, je dis que ce qui est légal n’est pas forcément idéal. Je pense qu’au fond de nous, nous partageons le désir d’un bonheur parfait. Mais pourrons-nous jamais en retrouver la consistance et la saveur ?

Eh bien si, car le Christ, nous sommes rétablis dans une communion édifiée sur l’amour seul. Oui, en Jésus, l’amour ne répudie personne ; en donnant sa chair et son sang, il pardonne toute la série des infidélités, des échecs et des ruptures qui traversent l’histoire de l’alliance. Si nous croyons qu’en Jésus l’œuvre du diviseur est bel et bien vaincue, alors, nous vivons pleins d’espérance, tendus vers la fin où les cœurs désunis seront enfin réconciliés.

Nous, humanité nouvelle, tirée du côté ouvert du Christ, comme Ève l’avait été pour Adam, réjouissons-nous d’être pour le Seigneur « l’os de ses os, la chair de sa chair » !