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« Ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un »

L’évangile du 27e dimanche ordinaire, année B, l’homélie du père Christophe Kerhardy, la prière universelle du dimanche 7 octobre 2012.

Article mis en ligne le 7 octobre 2012

par Père Christophe Kerhardy sj

L’évangile du 27e dimanche ordinaire, année B, l’homélie du père Christophe Kerhardy, la prière universelle du dimanche 7 octobre 2012.

L’évangile

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? »

Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »

Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.

Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. » (Fin de la lecture brève)

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement.

Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »

Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

(Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, 10 2-16)

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L’homélie

Le mariage, le divorce, l’adultère, nous voilà en plein cœur d’une actualité sensible. Chacun de nous connaît des personnes séparées, divorcées, remariées : des membres de notre famille, nos propres enfants, des collègues de travail, de très bons amis. Malgré tous les efforts accomplis, leur couple n’a pas tenu, ils n’ont pas pu recoller les morceaux. Le divorce était la seule manière pour sortir des conflits délétères, la seule manière parfois pour mettre les enfants à l’abri, la seule manière pour fuir une atmosphère irrespirable. Jésus n’accable pas les cœurs tristes et déchirés, il les console autant qu’il le peut. En lui, l’amour va donner sa chair et ses os en offrandes à ceux qui le répudient. Écoutons-le aujourd’hui revenir sur les bases du mariage.

Il se trouve que ces bases sont depuis quelques mois sérieusement ébranlées. L’Église s’en inquiète et réclame un débat. Mais nous sentons que c’est peine perdue. Le mariage républicain relève du domaine public, nous dit-on, tandis que les religions doivent se cantonner au domaine privé. Les lobbies, la libre pensée voudraient nous faire taire, mais nous, au risque de déplaire, nous devons parler au nom de la foi. Affirmer qu’il est bon pour l’homme d’avoir une femme et bon pour l’enfant d’avoir un père et une mère, n’est une agression pour personne, c’est la reconnaissance de notre signature génétique, la plus naturelle, et cette reconnaissance est consacrée par l’Écriture et la Tradition.

Jésus est interrogé sur cette question : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? ». Réponse : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère ». Voilà une parole qui tranche comme une épée bien affûtée. Avec un tel avis, aujourd’hui, vous êtes grillé net, taxés de réacs et d’intolérants. On vous dira : Vous n’êtes plus dans le coup, vous ne comprenez rien à l’évolution des mœurs, chacun n’a-t-il pas le droit de faire ce qu’il veut de sa vie, de ses sentiments, de sa liberté ? Telle est bien la pensée dominante qui désavoue l’Écriture et décerne à l’Église un trophée d’archaïsme.

Nos convictions sont mises à l’épreuve. Eh bien, il se trouve que dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus aussi est mis à l’épreuve, des Pharisiens cherchent à le mettre en contradiction avec les Écritures.

Jésus ne va pas se laisser prendre au piège, il va conduire son auditoire au cœur de ce qui est sacré. En citant la Genèse, il remonte à la source du mariage. Adam, seul au milieu des créatures, se languissait de trouver une compagne, Ève, l’os de ses os, la chair de sa chair, va combler son désir. En elle il reconnaît l’être qui lui convient parfaitement. Et ensemble ils vont poursuivre l’œuvre de création en faisant naître d’autres vies. Au commencement donc, l’homme et la femme sont créés pour une union heureuse, durable et féconde. C’est cette communion qui confère au mariage sa valeur de sacrement.

Mais les choses se sont gâtées ; la jalousie, l’envie, la violence, l’insatisfaction, le mensonge se sont glissés dans le bel amour originel. Et nous mesurons combien tout cela est amer. Oui, que de tristesse chaque fois que des cœurs épris l’un pour l’autre finissent par s’étriper, que de désillusion chaque fois que des promesses échangées pour la vie se rompent avant le terme, que d’amertume chaque fois qu’on court chez le juge pour dissoudre une alliance qu’on avait désiré indissoluble. Personne ne désire en arriver là, mais que faire quand l’amour déraille ? Comme au temps de Moïse, il nous faut des lois pour délier. La répudiation n’était pas au programme de l’amour mais Moïse avait dû la concéder sous certaines conditions. Nos lois modernes ont amplifié la tendance. Elles ont ouvert d’autres permissions qui touchent aux fondements du couple, de la famille et de la vie. Certains vous diront que c’est un progrès, d’autres que c’est peut-être un moindre mal. Et vous, qu’en dites-vous ?

Moi je vous dis que lorsqu’on bricole avec les choses sacrées, on récolte beaucoup de tristesse, on est toujours amer de perdre l’os de ses os, la chair de sa chair.

Alors, Dieu plongea le Christ dans un profond sommeil pour tirer une épouse de son côté ouvert.
Adam était le Christ et Ève son Église. Avec ces deux ne faisant plus qu’un, nous sommes revenus dans la communion où règne l’amour seul. Oui, dans le Christ et dans l’Église, l’amour ne répudie personne, il unit tout en déjouant les mauvais coups du diviseur. Nous vivons donc pleins d’espérance, tendus vers la fin où les cœurs désunis seront enfin réconciliés, tendus vers l’amour qui recrée l’un à partir du multiple et du divers. Et chaque couple qui unit un homme et une femme est témoin de cette Bonne Nouvelle.

Et puisque c’est à nous que Jésus adresse ces paroles : « Voici l’os de mes os, la chair de ma chair ! », prions pour que les hommes ne délient pas sur la terre ce que Dieu a uni dans le ciel.

(Illustrations : Photos Libres)

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La prière universelle

« Tous deux ne feront plus qu’un. » Seigneur, nous te prions pour les époux qui vivent fidèlement leur engagement dans le mariage, malgré les difficultés et les embûches. Écoute notre prière.

À tes enfants, Seigneur, accorde ton amour.

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Seigneur, apprends-nous à reconnaître ce qui, dans la société, et dans nos lois humaines, est contraire à la vision chrétienne du mariage, et nous écarte de la volonté de Dieu. Écoute notre prière.

À tes enfants, Seigneur, accorde ton amour.

Seigneur, nous te prions pour les couples en difficulté, pour ceux qui se sont séparés et qui continuent, malgré tout, de rester fidèles à leur engagement, et qui cherchent à mettre la parole de Dieu au sein de leur vie. Écoute notre prière.

À tes enfants, Seigneur, accorde ton amour.

Seigneur, nous te prions pour les enfants qui sont témoins des déchirements entre leurs parents, qui sont ballottés de l’un à l’autre, qui sont parfois instrumentalisés, et qui perdent tous leurs repères. À ces enfants, Seigneur, accorde-ton amour.

À tes enfants, Seigneur, accorde ton amour.