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Jésuites à La Réunion
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Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

Changer notre manière de vivre, un vrai choix à poser
Article mis en ligne le 26 août 2019

par Père Stéphane, sj

Dès 2015, dans Laudato si’, le Pape François a relayé l’alerte lancée par beaucoup sur la dégradation de « notre maison commune ». Il y affirme que « l’analyse des problèmes environnementaux est inséparable de l’analyse des contextes humains, familiaux, de travail, urbains, et de la relation de chaque personne avec elle-même qui génère une façon déterminée d’entrer en rapport avec les autres et avec l’environnement » (L.S. n°141). Qu’avons-nous décidé de faire depuis ? Force est de constater que l’inertie l’emporte encore sur la réaction positive. Ainsi, le « jour du dépassement » est advenu encore plus tôt en 2019 : le 29 juillet, l’humanité venait d’épuiser les ressources annuelles de la Terre. Ce que la nature est capable de renouveler en un an, nous l’avons consommé en moins de huit mois ! Cet épuisement entraîne l’accélération de drames humains, de la désertification à l’exode, de la faim et de la soif aux périls auxquels les réfugiés en nombre croissant sont exposés. C’est ce que le Giec (Groupe international d’experts sur l’évolution du climat) dénonce dans un rapport spécial présenté le 8 août. Les conséquences de notre indécision s’avèrent de plus en plus néfastes. Le « devoir choisir » devient donc plus qu’urgent. Il s’impose à chacun d’entre nous. C’est du plus profond de soi-même que l’appel à prendre soin de soi, des autres et de la planète doit résonner et renouveler notre capacité à choisir librement le meilleur comportement.

C’est dans ce contexte d’urgence, entre survie et désir de préparer le monde de demain capable d’honorer le développement durable et intégral de l’humanité, que paraît notre centième numéro de Un p’tit mot, trois p’tits pas. Inauguré le 30 juillet 2000, veille de la Saint-Ignace, le Centre qui porte son nom ouvrait grandes ses portes à tous ceux que le projet énoncé dans sa charte motivait : faire vivre ensemble un lieu de rencontre et d’échange où chacun soit provoqué à sortir de son domaine habituel — sa zone de confort —, pour s’ouvrir aux autres réalités de notre société. La charte précise : « De chacun est attendu le souci du bien commun au service de la promotion de toute personne et de toute communauté, sans distinction ni ségrégation d’aucune sorte ». Le titre du bulletin prévenait aussi que « battre la langue », c’est bien, à condition cependant d’agir concrètement, d’avancer personnellement et collectivement vers des comportements politiques, économiques, sociaux, culturels et religieux davantage accordés avec les grandes valeurs de l’humanité : respect de la vie, dignité inaliénable de la personne, justice et solidarité, paix et réconciliation. L’ambition de ce projet s’inspirait directement de la pédagogie qu’Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, a transcrit dans ses Exercices Spirituels et que le Centre Saint-Ignace a repris à son compte : « Un regard positif sur l’expérience humaine au travers des difficultés qui marquent celle-ci ; l’écoute mutuelle et le dialogue pour l’accueil de la vérité ».

Alors que le Centre Saint-Ignace entre dans sa vingtième année, la qualité des rencontres et des collaborations vécues tout au long de cette tranche de vie confirme la justesse de l’inspiration de départ. Et l’actualisation pour aujourd’hui ne fait aucun doute. Le plus grand service que nous puissions rendre n’est-il pas, en effet, de favoriser l’ancrage intérieur dans ce que le temps ne peut altérer, et qui attend sa pleine réalisation, la vérité de l’humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Très concrètement, ce sont les conditions à rétablir sans cesse pour que chacun puisse puiser au plus profond de lui-même une vision claire de notre avenir et de ce qui peut préparer l’émergence du monde de demain. Il ne s’agit plus alors de se faire peur, mais bien au contraire de projeter une lumière d’espérance sur notre monde. Le « devoir choisir » en est le moyen par excellence. Il vise la réalisation du développement intégral de l’humanité, réconciliée en elle — même et avec son environnement. N’ajournons pas davantage notre discernement.

Image :Adam Earle de Pixabay

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Un p’tit mot, trois p’tits pas n°100 - août 2019