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Film et Spiritualité : Sur les quais
Article mis en ligne le 14 février 2023

par Admin

Film de Elia Kazan (On the waterfront), USA, 1954, avec Marlon Brando, Eva Marie Saint, Karl Malden. Lion d’Or au festival de Venise 1954, Oscars 1955. Version sous-titrée. Durée : 1h48.

A New York, Terry Malloy est un ancien boxeur devenu docker. Son frère Charley est un avocat marron qui travaille pour le compte de Johnny Friendly, puissant patron du syndicat des dockers et véritable gangster qui rackette les ouvriers en toute impunité. Témoin d’un meurtre, Terry hésite à dénoncer le syndicat. Il se lie avec la sœur de la victime qui lui ouvre les yeux. Il décide alors d’affronter Johnny Friendly et de briser la terrible loi du silence…

Le point culminant du récit, le sommet de sa tension dramatique, est le retour de Malloy parmi les siens, après avoir « mouchardé » : ses amis se détournent de lui, les enfants l’insultent, il est devenu un paria. Qu’ils aient été ou non favorables au syndicat, les dockers partagent tous la même morale : on ne « moucharde » pas, même pour une bonne cause. Le véritable sujet du film est le cas de conscience de Malloy, la fidélité à un idéal ou à une communauté ; et non l’ascension et la chute d’un gangster.

De la mise en scène à l’interprétation, Sur les quais est une réussite splendide. On ne peut oublier l’admirable réalisme du décor, la peinture du milieu des dockers (tout fut tourné en décors naturels) et la poésie qui imprègne les rapports d’un Marion Brando exceptionnel et de la jeune et lumineuse débutante Eva Marie Saint. C’est aussi, pour le cinéaste, la première vraie rupture avec l’univers des studios hollywoodiens. Si une partie du film se déroule effectivement sur les quais, l’autre partie, non moins importante, se déroule sur les toits. Entre les quais et les toits, deux univers se répondent et s’opposent tout à la fois. Ce jeu entre le haut et le bas se retrouve dans les moments-clés de l’histoire : le meurtre d’ouverture, ou encore le sermon au fond de la cale d’un navire. En même temps, Kazan évite tous les pièges de l’imagerie sulpicienne. Un exemple le vérifie : quand, après avoir prononcé son oraison funèbre au fond de la cale, le prêtre est élevé dans les airs par un monte-charge, il aurait été tentant d’en faire une ascension solennelle et hiératique. Par un petit geste, Kazan casse cette symbolique trop évidente, qui aurait frôlé le ridicule : on tend une cigarette au prêtre qui s’en empare nerveusement. Loin de nier la dimension spirituelle de la scène, ce simple détail suffit à lui donner un poids incroyablement humain et charnel.

Ce grand film, inspiré des écrits et de la vie du père jésuite John Corridan, aumônier des dockers new yorkais, est notre manière d’honorer les religieux prêtres à l’occasion de la fête de la Vie consacrée (2 février).


Documents
film-et-spiritualite-sur-les-quais_a793.pdf 79.5 ko / PDF