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Jésuites à La Réunion
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Son Royaume n’est pas un cimetière !

Retrouvez ici l’homélie du dimanche 2 novembre 2014, Commémoration des fidèles défunts (année A) et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 6 novembre 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’homélie du dimanche 2 novembre 2014, Commémoration des fidèles défunts (année A) et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Permettez-moi tout d’abord de saluer ceux d’entre vous qui sont encore en deuil, ceux et celles qui ont perdu un proche durant ces derniers mois. Que cette célébration vous apporte la paix. Paix à vous tous, paix à vos familles, paix aux défunts que nous commémorons.

Certains archéologues affirment que l’espèce humaine commence avec les rites funéraires. C’est bien ce qui se passe, au matin de Pâques, quand les femmes viennent au sépulcre avec les aromates pour embaumer le corps de Jésus. Mais là, surprise : Jésus n’y est plus. Le Seigneur s’est fait la valise et il a abandonné son linceul dans le tombeau... Le Christ n’a plus besoin de cet habit d’enterrement. Ressuscité, c’est dans un drapé de lumière qu’il apparaîtra à ses amis. Cette expérience sans précédent, cet événement absolument nouveau, sonne la fin de la mort et va nourrir une espérance au-delà de toute espérance.

Depuis longtemps, un désir de vie après la mort couvait en l’homme, il était inscrit dans toutes les cultures antiques ; depuis la nuit des temps, « l’homme refuse la ruine totale et l’échec définitif de sa personne. En nous, une aspiration à l’éternité s’insurge contre la mort... le désir d’une vie ultérieure est ancré dans nos cœurs... »

Mais ce désir de vie ne trouvait pas son aboutissement, il échouait sur la dure réalité de la mort. Aujourd’hui encore, on aura beau tenter de repousser le terme de la vie, à coup de nouvelles thérapies, la mort restera inévitable. Les progrès de la science sont indéniables, mais l’immortalité n’est pas à leur portée.

Cela étant dit, la Sagesse, nous venons de l’entendre, dénonce un énorme mensonge : « Notre existence, disent les incroyants, est brève et triste, rien ne peut guérir l’homme au terme de sa vie, on n’a jamais vu personne revenir du séjour des morts. Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n’avions pas existé ». Ce mensonge se propage sans cesse et l’idée du néant après la mort est devenu monnaie courante.

Non, pour nous croyants, nous ne sommes pas nés du hasard et nos vies ne courent pas vers le néant. Dans notre époque qui a perdu ses bases chrétiennes, nous devons témoigner que Dieu nous désire depuis l’origine, que son amour nous donne l’existence et l’être. Notre vie lui met du baume au cœur et notre mort le désole. N’en pouvant plus de voir mourir son œuvre, l’envoi du Fils parmi nous mettra fin à cette hécatombe, Jésus affrontera la mort, jusqu’à ce qu’elle soit vaincue pour de bon.

Oh bien sûr, nous aurons toujours des défunts, mais leur mort sera désormais conçue comme un moment de Pâque. Jésus, le premier-né d’entre les morts, a ouvert la voie. Le corps que nous sommes, suivra la tête dans sa nouvelle naissance.

Comme je l’ai dit en commençant cette méditation, le linceul n’était pas le dernier vêtement de Jésus. Cet habit-là était un habit d’enterrement mais il a été abandonné dans le tombeau... Et vous, le jour de votre baptême, vous avez revêtu le Christ, eh bien, restez dans sa tenue de vie nouvelle.

Aujourd’hui nous commémorons les défunts, et nous pouvons nous demander : sont-ils déjà nés à cette vie nouvelle ? Nous l’espérons. Ne sont-ils pas encore arrivés à terme ? Alors, nous prions pour eux.

Et nous qui les suivrons, nous attendons la mort, aussi sereinement que possible.

Remplis d’espérance chrétienne, déjà nos tombes se descellent sous la poussée du Dieu vivant. Oui, nous le croyons, son royaume n’est pas un cimetière, c’est une cité de la joie, semblable à une maternité où tout renaît, dès maintenant et jusqu’au terme de l’histoire.