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Reprise du premier forum-débat sur le thème : « Face à l’extrême droite : écouter, comprendre, agir » - Mardi 5 septembre 2016
Article mis en ligne le 13 septembre 2016
dernière modification le 3 novembre 2016

par Père Stéphane Nicaise sj

Première consolation. Malgré un embouteillage monstre qui paralysait le centre-ville de Saint-Denis, une bonne quarantaine de personnes se sont déplacées. Signe que le sujet ne laisse pas indifférent, il y avait en particulier quelques figures de la vie politique locale qui ne viennent qu’épisodiquement à nos rencontres.

Dans le premier quart d’heure de la soirée, j’ai présenté notre proposition de consacrer 4 rencontres à ce forum-débat ; et pour tenir cette durée, de nous inscrire dans la réflexion lancée par la revue Projet en partenariat avec le journal La Croix.

Puis, avec l’accord des participants, nous avons commencé à regarder la vidéo de la table-ronde tenue au Centre Sèvres le 21 juin dernier (https://youtu.be/itsM5Evo_Lg). Animée par Jean Merckaert – rédacteur en chef de Projet – la table-ronde réunissait Corinne Lepage, Dominique Potier et Michel Barnier. Les échanges s’articulaient autour de trois questions que je résume : 1. A travers la progression du vote extrême droite quels sont les messages à entendre, qu’expriment-ils de légitime ? 2. Face au procès fait à la classe politique, peut-on faire aujourd’hui la politique autrement, et de profondes réformes institutionnelles sont-elles nécessaires ? 3. Si le principal défi du politique aujourd’hui est de redonner de l’espoir, à quoi ressemble l’avenir que vous cherchez à faire advenir ?

Nous avons décidé de nous arrêter à la fin du traitement de la première question pour engager un échange sur notre réception des prises de parole des trois intervenants. Ce choix renvoyait de facto à notre deuxième rencontre, le 1er mardi d’octobre, la suite du visionnement de la table-ronde. Il visait à favoriser une première appropriation des thèmes abordés, au sens d’enraciner en terre réunionnaise et indianocéanienne la tendance au vote extrême droite, d’évaluer son importance pour nous, et donc ses retombées dans la vie politique locale.

Nous nous inscrivons bien ainsi dans le temps de l’écoute, et de ce que cette écoute peut déjà mobiliser comme éléments d’interprétation. C’est en respectant ce processus que de notre réflexion commune pourra émerger une compréhension du phénomène.

Un premier écueil a été évité en précisant la différence entre le vote extrême droite et l’adhésion à un parti politique, en l’occurrence le Front National. Ce qui cependant fait se rejoindre vote et adhésion est le changement de posture de l’électeur qui est manifeste à La Réunion : La « culpabilité » qui pouvait exister à voter extrême droite est désormais dépassée ; ce vote s’affiche, ceux qui s’en réclament ne s’en cachent plus. Dans un contexte réunionnais où, une quinzaine d’années en arrière, un Jean-Marie Le Pen n’avait tout simplement pas pu débarquer à l’aéroport ! Aujourd’hui, le Front National a pignon sur rue…

La question de l’appropriation du débat sur le vote extrême droite reste cependant entière dans une île où domine toujours le réflexe de se tourner vers Paris en tout domaine d’importance. Si les ressentis de « décrochage », de « souffrance sociale », de « pulsion du désespoir » - pour reprendre les expressions fortes de Corinne Lepage, de Michel Barnier et de Dominique Potier – sont en écho entre la métropole et La Réunion, ils ont leurs réalités propres à chaque côté de la mer. C’est pourquoi notre réflexion doit veiller à son enracinement territorial, véritable gage de sa pertinence.

Trois propos tenus au cours de notre forum-débat nous y engagent :

  • « Aujourd’hui dans les discours politiques, je n’entends pas quelqu’un qui donne un sens à notre communauté, un sens à un projet pour notre île ».
  • « La révolution serait de trouver les solutions, non pas toutes faites, mais qui correspondent à la réalité, celle que nous constatons sur le terrain et qui nous oblige à raisonner par nous-mêmes. »
  • « Si nous ne regardons les choses qu’à travers le prisme du social, nous n’aurons qu’une partie de la vérité. Les événements qui ont meurtri la France révèlent un autre phénomène. »

Nous nous sommes donné rendez-vous au mardi 4 octobre pour poursuivre notre réflexion. D’ici là chacun est invité à se documenter. Une dizaine d’exemplaires du numéro spécial de Projet ont été retenus (d’autres peuvent être encore commandés, demandez-le nous !). Enfin plusieurs ont indiqué leur intention d’amener d’autres personnes. N’hésitons-pas !!!