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Jésuites à La Réunion
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Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

Mgr Óscar Romero, « Dieu est passé par le Salvador »
Article mis en ligne le 16 novembre 2018

par Monique Cadet

Par Jon Sobrino. Éditions Fidélité, collection Sur la route des saints, 2015, 120 pages.

« Le monde des pauvres nous apprend que la libération arrivera non seulement quand les pauvres seront les destinataires privilégiés des attentions des gouvernements et de l’Église, mais bien quand ils seront les acteurs et les protagonistes de leur propre lutte et de leur libération en démasquant ainsi la dernière racine des faux paternalismes, même ceux de l’Église. » Ces propos ont été tenus par Monseigneur Óscar Romero à l’Université catholique de Louvain le 2 février 1980, lors de la réception de son doctorat honoris causa. Pourquoi ces propos si engagés ?

C’est que depuis 1931 la population salvadorienne, composée en majorité de paysans sans terre, vit dans des conditions très difficiles car la propriété de la terre est concentrée entre les mains de quelques riches familles. En raison de l’agitation sociale, le pouvoir a été confié à l’armée. En 1979, une junte militaire prend le pouvoir. C’est la guerre civile avec des dizaines de milliers de morts et la paralysie de l’économie. Des chrétiens considèrent que l’exploitation de l’homme par l’homme ne correspond pas au plan de Dieu et s’organisent pour dénoncer les injustices. Beaucoup sont arrêtés, torturés, assassinés ou portés disparus.

C’est dans ce climat de violence extrême qu’Óscar Romero devient l’archevêque de San Salvador le 22 février 1977. Le théologien de la libération Jon Sobrino, jésuite espagnol et missionnaire depuis 1957 au Salvador, fut son proche collaborateur et ami pendant ces trois années. Dans ces pages souvenirs rédigées en 1989, il analyse l’évolution de la pensée et de l’action de cet homme jusque-là très conservateur et influencé par l’Opus Dei et témoigne du « changement radical à la fois comme évêque, comme chrétien et comme citoyen du Salvador » qui s’opéra en lui. « Il choisit le côté des paysans, il devint leur défenseur, la voix des sans-voix », malgré les attaques verbales et les menaces de mort. Le 24 mars 1980, Mgr Romero était abattu d’un coup de fusil alors qu’il célébrait la messe.