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Des élections préoccupantes à l’Université

Jeudi 25 octobre, 100 à 150 personnes ont manifesté sur la dalle des Droits de l’Homme, à Saint-Denis pour faire connaître leur inquiétude quant à l’organisation des élections à l’Université de La Réunion. Elles s’étaient rassemblées à l’appel du groupe Refonder l’université de La Réunion, qui dénonce un manque de démocratie. Décryptage de Paul Hoarau.

Article mis en ligne le 25 octobre 2012

par Paul Hoarau

Jeudi 25 octobre, 100 à 150 personnes ont manifesté sur la dalle des Droits de l’Homme, à Saint-Denis pour faire connaître leur inquiétude quant à l’organisation des élections à l’Université de La Réunion. Elles s’étaient rassemblées à l’appel du groupe Refonder l’université de La Réunion, qui dénonce un manque de démocratie. Décryptage de Paul Hoarau.

Les renseignements qui me parviennent, de sources diverses, concernant l’élection des conseils centraux de l’Université, le 7 juin dernier, sont préoccupants. Personnellement je me retrouve plongé dans le climat électoral des années 60, que j’avais cru à jamais révolu.

Même si elle ne rend pas compte de toute leur étendue et de toute leur gravité, l’annulation de cette élection par le Tribunal administratif de Saint-Denis, au mois de septembre, nous indique que celle-ci a été entachée d’irrégularités.

Comme on l’a constaté dans une affaire qui a retenu récemment mon attention, l’exécution de la décision judiciaire n’a pas été correcte. L’élection des conseils ayant été annulée, l’élection du président de l’université par ces conseils, l’était elle aussi, ipso facto. En conséquence, Monsieur Rochdi n’était plus président de l’université de La Réunion, aussitôt rendu le jugement définitif, et ne devait surtout pas, s’occuper de l’organisation de la nouvelle consultation. Celle-ci aurait dû être confiée à une commission administrative, « une commission électorale d’accompagnement de l’université ». Ce que Monsieur Philippe Forstman, inspecteur général est venu faire cette semaine. La difficulté est que l’inspecteur est arrivé tardivement, qu’il n’a pas remis en cause la légitimité de M. Rochdi et a entériné tout ce que ce dernier a préparé, illégalement. J’ai connu ce genre de situation au temps béni de la fraude des années 60.

Reporter l’élection est une question de principe. Il faut la reporter pour permettre un inventaire des irrégularités qui risqueront d’entacher le scrutin du 30 octobre, et pour avoir le temps d’y remédier. Quoique dise l’inspecteur général, si des irrégularités entachaient la nouvelle consultation, le Tribunal administratif, voire le Conseil d’Etat, ne pourrait pas ne pas l’annuler. Conforter les auteurs de manœuvres frauduleuses, ne pourrait, par ailleurs, que « prolonger la période d’incertitude que connaît l’université de La Réunion. »

Il appartient à « Monsieur le préfet de pourvoir à l’exécution de la décision » du Tribunal administratif, correctement. C’est ce que lui « mande et ordonne » la République (cf. le document du Tribunal administratif).

Il faut que tous ceux, personnes physiques et organisations, qui se sont mobilisés contre la fraude dans les années 60, se retrouvent dans le combat d’aujourd’hui, contre cette peste qui nous revient de façon inattendue – hélas ! – par l’université.

Tous les Réunionnais enfin, doivent se sentir interpellés dans cette affaire comme dans bien d’autres, pour que leur pays soit un pays de droit. C’est une question de dignité et de sécurité.

Le besoin de recourir à des procédés frauduleux est le symptôme de la difficulté qu’éprouvent les dirigeants d’un corps social donné à rester aux commandes, parce qu’ils ne correspondent pas aux attentes de ceux qui font partie de ce corps social. Soutenir les auteurs qui utilisent de tels procédés à notre université, de quelque façon que ce soit, revient à entretenir un malaise qui dure depuis un certain temps, et qui est préjudiciable au bon fonctionnement de celle-ci.

Ayant plaidé pour la création d’une université lorsque M. le Professeur Connac était venu ici en mission, pour supprimer la petite école de droit que nous avions alors ; ayant soutenu que nous devions avoir une université, à toutes les étapes de l’évolution de cette cause, depuis l’école de droit jusqu’à l’université de plein exercice ; conscient de tout ce qu’une université réunionnaise qui marche, pourrait apporter au développement et au rayonnement de notre île et de son peuple, je ne peux laisser se développer, sans protester, le malaise qui la gangrène aujourd’hui.

Nos élus locaux, et plus particulièrement le président de la Région, dont la collectivité, conformément à la loi, est responsable de la coordination du développement économique, social, culturel, sanitaire et environnemental de l’île, doivent intégrer l’université dans un projet global pour la Région, mais sainement, dans le respect de son indépendance. Ont-ils fait cela ?

En attendant, la balle est dans le camp de l’État dont la compétence est de dire le droit et de faire respecter la légalité.