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Vers la joie

Dimanche 7 avril, de 17h30 à 19h30, diffusion d’un film de Ingmar Bergman, suivi d’un échange animé par le père Bernard Paulet sj.

Article mis en ligne le 17 mars 2013
dernière modification le 12 avril 2013

par Père Bernard Paulet sj

Dimanche 7 avril, de 17h30 à 19h30, diffusion d’un film de Ingmar Bergman, suivi d’un échange animé par le père Bernard Paulet sj.

Film d’Ingmar Bergman (Till glädje), Suède, 1950, avec Maj-Britt Nilsson, Stig Olin, Victor Sjöström.

Au cours d’une répétition de la Neuvième Symphonie de Beethoven, le jeune violoniste Stig apprend la mort accidentelle de sa femme et de sa fillette. Rentrant dans son appartement, il se souvient : joies et difficultés, mariage et naissances, liaison amoureuse, rupture conjugale, retrouvailles et nouveau bonheur…

L’égoïste et infantile Stig, violoniste prétentieux, ne cesse d’être enfanté par sa femme, musicienne aussi, mais mûrie par la vie. Stig s’acharne à devenir soliste alors qu’il n’en n’a pas les capacités. Et Bergman joue sur la mutation de ce rêve de soliste impuissant en acceptation féconde de la solitude. Sa prétention de soliste détruit son bonheur familial et le fourvoie dans une liaison peu propice au travail. Comme soliste c’est l’échec, et quand son rêve s’écroule, il s’écrie romantiquement : « Je suis seul comme je l’ai toujours été ». Mais lorsque le deuil le rend réellement seul, sa puissance créatrice éclate au sein de l’orchestre dans une merveilleuse interprétation musicale. Stig retourne à la répétition et interprète avec une nouvelle profondeur, devant son fils qui lui sourit, cet Hymne à la joie désormais tout intérieur. Dans cette dernière scène somptueuse, la caméra de Bergman pénètre au cœur même de la musique. En quelques travellings majestueux, elle s’immisce entre les membres de l’orchestre, s’enroule autour de Stig. L’osmose est parfaite avec les accords magistraux de la Neuvième Symphonie de Beethoven. C’est l’âme du musicien qu’elle traque et le bonheur éclate, enfin, en une succession de notes éphémères.

Avec un scénario aux allures de mélodrame, Bergman réalise en fait une œuvre d’une grande force et d’une extraordinaire beauté sur l’art et le bonheur. Sous ses péripéties mélodramatiques, ce film est une méditation pessimiste sur la difficulté d’atteindre un jour le bonheur à deux. Ce n’est que dans la pratique de son art que Stig trouve la joie. L’histoire mouvementée du couple devient chemin d’intériorité, dépassement des échecs, abandon des illusions, transformation par la souffrance, marche « vers la joie ».

Les chœurs et les accents de Beethoven sont donnés à voir avec une rigueur intelligente et une agilité magistrale. Vers la joie est un film itinéraire qui présente l’échec, la mort et la souffrance comme matrices d’une nouvelle naissance ; mais pour cela, ils doivent être traversés du frémissement d’amour de l’art et du bonheur. Ce beau et grand Bergman sera notre messager de la joie pascale.