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Jésuites à La Réunion
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Notre eucharistie n’est pas un self service mais un véritable repas

Retrouvez ici l’évangile du 22 juin 2014, solennité du Saint-Sacrement (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 24 juin 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 22 juin 2014, solennité du Saint-Sacrement (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Comment ne pas se souvenir des processions de la « Fête-Dieu » où le Saint Sacrement, accompagné de cantiques populaires et de volutes d’encens, parcourait les rues de nos villes et de nos villages... Julienne de Cornillon, la religieuse qui est à l’origine de cette fête, il y a 750 ans, doit se demander ce qu’est devenu le temps des reposoirs, des pétales de fleurs et des prêtres transpirant à grosses gouttes sous de lourdes chapes.

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus arrive à la fin de son enseignement sur l’Eucharistie, il ne cherche pas à nous expliquer comment il sera présent dans le pain et le vin mais il affirme sans détour : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la Vie en vous ». Ces paroles suscitent des réactions hostiles, de nombreux disciples sont choqués et ils quittent la synagogue en déclarant : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! ». Il faut savoir, en effet, que la loi de Moïse interdisait de consommer du sang.

Mais nous, nous ne prendrons pas nos distances, nous ne nous installerons pas dans l’anorexie eucharistique car nous croyons que Jésus a les paroles de la vie éternelle. Et pour rester en sa présence, comme les premiers chrétiens, assidus à la prière nous écoutons sa Parole, nous essayons d’y être fidèles, et nous nous réunissons pour la fraction du pain et la communion fraternelle.

De même que sans nourriture, nous dépérissons, de même si nous ne mangeons pas la chair du Fils de l’Homme, si nous ne prêtons jamais attention à sa Parole, notre énergie spirituelle diminue. Comment voulez-vous que les sarments d’une vigne donnent du fruit s’ils ne demeurent pas attachés au cep ? Ainsi par le sacrement de l’Eucharistie, Jésus nous remplit de sa vie, de sa force, de sa vigueur, comme il le dit lui-même : « Celui qui me mangera vivra par moi ! »

De plus, en communiant, nous sortons de notre coquille car le corps du Christ nous soude les uns aux autres. Jésus qui désire partager sa vie avec tous est le ciment de notre unité. Par conséquent, notre eucharistie n’est pas un self-service où je viens chercher juste pour moi ce dont j’ai envie. Elle est un véritable repas où nous partageons le corps du Christ.

Saint Paul insiste sur ce point : « Frères, le pain que nous rompons n’est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons part à un seul pain ».

Cette petite mise au point tient au fait qu’à Corinthe, des chrétiens se regroupaient par affinités et que les clans disloquaient l’unité de la communauté. C’est pourquoi saint Paul réagit et rappelle que le repas du Seigneur doit unir tous les croyants, sans faire de distinguo entre les uns et les autres.

Tous les amateurs de foot vous le diront. Si vous suivez la Coupe du monde, vous pouvez sentir combien l’esprit d’équipe est essentiel si l’on veut gagner.

Imaginez un très grand filet composé de multiples fils tous tissés ensemble. Il arrive facilement que quelques mailles soient rompues. Un filet avec des trous laisse filer le poisson. Les chrétiens sont pour le monde, le filet du Christ ; s’il est troué, il faut le réparer.

La meilleure façon de le faire, c’est de conforter la foi de ceux qui doutent, de redonner de l’espérance à ceux qui sont minés par les soucis, et surtout de pratiquer la charité, d’être serviables envers les autres, spécialement les plus fragiles, de promouvoir les personnes plutôt que de chercher la petite bête à leur égard. Ainsi, à chaque fois que nous entretenons des relations amicales et fraternelles, nous communions au Christ qui offre tout pour l’unité et la paix du genre humain.

C’est ainsi que l’on passe du corps eucharistique de Jésus à son corps ecclésial.

À la suite de Jésus, l’Église qui forme le corps du Seigneur ne peut s’enfermer dans un ghetto, ni se contenter d’une pieuse unité, célébrée le temps d’une messe ; nos eucharisties doivent nous propulser, comme un seul homme, vers le large, vers le monde.

Prions pour que notre communion au corps du Seigneur, nous donne assez d’énergie pour aller réparer nos sociétés tellement trouées et désunies.