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Jésuites à La Réunion
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Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

La nuit privée d’étoiles
De Thomas Merton (Albin Michel, 1951, 396 pages)
Article mis en ligne le 3 novembre 2016
dernière modification le 30 décembre 2016

par Monique Cadet

Dans cette autobiographie parue aux États-Unis en 1948 et traduite en une quinzaine de langues, Thomas Merton raconte avec talent, simplicité, poésie et souvent humour, les moments marquants de son enfance et de sa jeunesse, et son long et chaotique cheminement spirituel qui le conduira enfin à devenir moine trappiste et prêtre à l’abbaye cistercienne de Gethsemani, aux États-Unis.

Né en France en 1915 d’un père néo-zélandais et d’une mère américaine, il a à peine un an quand ils s’installent en Amérique où vivent ses grands-parents maternels. Lui et son jeune frère grandissent dans un milieu de protestants mais ne reçoivent aucune éducation religieuse. Sa mère meurt d’un cancer alors qu’il n’a que six ans. À partir de ce moment, son père, artiste peintre, voyage beaucoup et le jeune Thomas connaît des changements de vie fréquents, tantôt aux États-Unis, tantôt en France, puis en Angleterre puis à nouveau aux États-Unis.

À dix ans, il revient vivre avec son père dans sa chère terre natale. Évoquant sa fascination pour les cathédrales et les anciennes abbayes, il note : « Les vocations religieuses ou les règles monastiques n’excitaient pas ma curiosité, mais je me souviens avoir désiré respirer l’air de cette solitude et écouter le silence ». Pensionnaire au lycée, il connaît l’angoisse de la solitude et de l’abandon mais passe des vacances paisibles et heureuses chez les Privat, des catholiques : « Qui sait ce que je dois à ces êtres d’élite ? Je suis moralement sûr que leurs prières m’ont obtenu de nombreuses grâces, peut-être même celle de la conversion et de la vocation religieuse. »

Puis c’est l’Angleterre, où il a de la famille, pour quatre années d’études. La grave maladie et la mort de son père, « Le seul d’entre nous qui eût la foi (...) une belle âme grande, pleine de charité naturelle () nous le croyions fini, alors qu’il grandissait chaque jour » l’affectent profondément. Suivent les « descentes aux Enfers » d’un jeune homme livré à lui-même : graves inconduites, crises sentimentales qui lui attirent les sévères réprimandes de son parrain tuteur.

À dix-huit ans, avant de s’installer aux États-Unis, il séjourne à Rome : « Pour la première fois de ma vie, je commençai à découvrir Celui que les hommes appellent Christ. »

Sans complaisance, mais avec pudeur et humilité, il raconte sa lente conversion au catholicisme et son difficile chemin de discernement pour répondre à son désir de vie contemplative et de prêtrise.