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Jésuites à La Réunion
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Soyez des témoins chaleureux, incandescents !

Retrouvez l’évangile du 19 mai 2013, fête de la Pentecôte (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 20 mai 2013
dernière modification le 10 juin 2013

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez l’évangile du 19 mai 2013, fête de la Pentecôte (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Avez-vous déjà fait l’expérience de souffler sur des braises ? Avec un peu de vent, c’est tout un feu qui repart, tout un brasier qui renaît. Eh bien la Pentecôte c’est cela. Cinquante jours après Pâques, les amis de Jésus étaient confinés dans la chambre haute du Cénacle à Jérusalem. Ils avaient été témoins de sa résurrection et de son Ascension, mais qu’allait devenir leur expérience ? Une histoire oubliée, une mémoire perdue, un tas de cendres et rien de plus. Mais non, car voilà qu’un souffle, un vent puissant attise les braises qui couvaient en eux, et puis des langues de feu saisissent les apôtres. Impossible pour eux de rester confinés dans le Cénacle, la victoire de Jésus sur la mort, la Bonne Nouvelle du salut veut embraser toute la terre. Le jour de la Pentecôte, l’Église qui est née c’est l’Église hors les murs, une Église qui va prendre son envol pour aller vers les frontières infinies où l’Esprit l’emportera. Jésus n’a pas confié l’Esprit à l’Église : il a confié l’Église à l’Esprit, et c’est lui qui mène la barque, lui qui pousse l’Église à sortir hors d’elle-même, à aller en territoire inconnu et parfois périlleux, à la rencontre de tous ceux qui sont privés de Bonne Nouvelle, qui désespèrent et n’ont plus confiance en la vie.

L’important à la Pentecôte, c’est la venue de l’Esprit-Saint sur des apôtres effrayés, inhibés par la peur des représailles, qui tout à coup, sont envahis d’une telle force que leurs craintes et leurs complexes se volatilisent. Désormais, aux yeux de tous, ils proclameront leur admiration pour Dieu.
Ce changement se manifeste par un don de louange : « Tous, chacun dans leur langue, chantaient les merveilles de Dieu ». Dans un monde assommé de mauvaises nouvelles, dans un monde qui se plaint et grogne à longueur de temps, les chrétiens chaque dimanche chantent les merveilles de Dieu. Pour autant, nous ne sommes pas une bande d’illuminés qui oublieraient les souffrances et les misères des hommes et des peuples. Nous avons bien conscience que le monde n’est ni reluisant, ni parfait, ni idéal, comme beaucoup, nous sommes atterrés quand un vent de folie saccage les Champs-Élysées, et comme les autres, nous avons notre lot de découragements, de révoltes et de doutes mais cependant : nous louons. Nous louons, car nous sommes convaincus que Dieu aime le monde. Nous louons, car nous avons confiance dans le Seigneur et nous croyons qu’il ne cessera pas de venir à notre secours, corrigeant nos erreurs avec douceur plutôt qu’avec rigueur. Nous louons, car l’Esprit nous fait sentir combien l’amour et l’infinie tendresse de Dieu supplantent largement nos déprimes et nos deuils. Oui, à Pâques, Jésus nous a tirés de l’abîme, il est descendu au fond de notre ravine à malheurs et depuis la grande vallée des larmes, il a ouvert un chemin vers la vraie vie. Sa victoire de Pâques est notre victoire, c’est pourquoi nos raisons de louer son infiniment supérieures à celles de râler.

À la Pentecôte, voyez comment l’Église va unir dans une même action de grâce Galiléens et Judéens, Crétois et Arabes, Cappadociens et Libyens. Cafrines et Bretonnes ne sont pas encore là, mais elles ne tarderont pas à rejoindre la chorale. De toute évidence, l’Église qui commence à la Pentecôte sera une communion d’hommes et de femmes de toutes langues, de toutes races, de toutes nations. C’est pourquoi, chaque fois qu’on se ferme aux autres, chaque fois qu’on se divise sur fond de clivages, d’idéologies ou de préjugés, on peut être sûr qu’on s’éloigne de la grâce de la Pentecôte. Que ce soit clair, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes et l’Esprit-Saint ignore les clans. Regardez l’Église qu’il fonde ce jour-là à Jérusalem, elle a tous les traits d’une assemblée métisse et créole.

Frères et sœurs, comme les Apôtres, nous devons aujourd’hui ouvrir les portes et les fenêtres de l’Église et sortir à la rencontre de ceux dont la vie, les mœurs et les convictions nous déconcertent.

La Réunion, notre île, est un merveilleux laboratoire, car ici, avec quelques longueurs d’avance, l’Esprit nous a appris le sens d’un vivre-ensemble qui transcende les distinguos de couleurs, d’ethnies, et même de religions. Le monde a grand besoin de ces expériences car ce sont elles qui font avancer toute l’humanité vers la Réunion céleste, celle que le Seigneur appelle terre nouvelle et cieux nouveaux, c’est-à-dire son Royaume où tous nous ne ferons plus qu’un dans le Christ.

Depuis votre baptême, vous avez été, dans les creusets de l’Esprit-Saint, fondu dans un alliage avec le Christ, par conséquent ne soyez pas frileux ou tièdes mais soyez des témoins chaleureux, incandescents ! Beaucoup de frères et de sœurs ont le cœur morose et triste, alors, qui les conduira jusqu’au cœur de Dieu, chaud et joyeux ? Dieu nous donne son Esprit pour parler de son amour, soyez donc ses témoins, qui sait, beaucoup comprendront et chanteront alors ses merveilles.

Illustration : Jens Buurgaard Nielsen