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Jésuites à La Réunion
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La graine et le mulet

Dimanche 11 septembre à 17h30, Salle de Puybaudet.

Article mis en ligne le 5 septembre 2016
dernière modification le 3 novembre 2016

par Équipe Film & Spiritualité

Dimanche 11 septembre à 17h30, Salle de Puybaudet.

Film franco-tunisien d’Abdellatif Kechiche (2007) avec Habib Boufares, Hafsia Herzi, Bouraouïa Marzouk, Hatika Karaoui... Durée : 2h30. Nombreuses distinctions, notamment 4 Césars (meilleur lm, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleur espoir féminin).

Slimane Beiji, immigré de la « première génération », vieil ouvrier des chantiers navals de Sète, est licencié. Père de famille divorcé, il vit avec la patronne de L’Hôtel d’Orient et sa fille, Rym, mais reste très lié à ses enfants et à son ex-épouse. Incapable de se résigner à l’inactivité, et malgré ses enfants qui lui suggèrent de « rentrer au bled », il envisage d’ouvrir un restaurant sur un rafiot rafistolé par ses soins. Quai de la République, le restaurant servira un menu unique : un couscous au poisson, celui que l’ex- femme de Slimane cuisine chaque dimanche pour toute la famille. Le « couscous de l’amour ». Un plat auquel il contribue en amenant chaque semaine du poisson, et dont son ex-femme lui fait chaque fois parvenir une assiette généreuse.

Truculent, émouvant, drôle, le troisième long-métrage d’Abdellatif Kechiche joue sur tous les registres, servi par des acteurs non professionnels mais talentueux. Le film s’appuie sur deux pivots, deux scènes de repas à la faveur desquelles le spectateur découvre comme de l’intérieur, l’entourage de Slimane, la vie d’une famille dans laquelle trois générations se côtoient.

L’histoire est simple, racontée sur un rythme vif, avec de nombreuses ellipses : les faits sont ici moins intéressants que les sentiments qu’ils suscitent, l’évolution qu’ils provoquent dans les liens familiaux, amicaux. Discret, dévoué jusqu’à l’abnégation, Slimane n’est pas pour autant un personnage effacé. C’est bien lui le moteur de l’histoire, celui qui donne l’impulsion. Et les femmes, d’abord campées dans les rôles mille fois rejoués de la « mamma » ou de l’hystérique, viennent alors le soutenir par leur énergie et une incroyable éloquence. Sans elles, son projet n’aurait aucune chance d’aboutir. Sans lui, il n’y aurait même pas de projet.

Mais quel est, au fond, le propos du film ? Les relations hommes/femmes ? parents/enfants ? La transmission entre générations ? La filiation choisie ? L’effritement des valeurs ? Les préjugés raciaux ? Kechiche en résume le propos d’une phrase : « Pas évident de trouver une place sur le quai de la République quand on est vieux, d’origine maghrébine et qu’on essaie de rêver »...