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Jésuites à La Réunion
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Devenir davantage un zambrocal des nations

Retrouvez ici l’évangile du 8 juin 2014, fête de la Pentecôte (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 11 juin 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 8 juin 2014, fête de la Pentecôte (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Les apôtres réunis au Cénacle se sont mis à l’abri ; comme nous le faisons en alerte rouge, les portes, les volets, les barreaux de la chambre haute sont bien verrouillés, car dehors il y a un danger. Quel danger ? Les autorités jalouses et violentes qui avaient fait mourir Jésus pourraient bien s’en prendre maintenant à ses amis. Mais voilà qu’une manifestation surprenante se produit : le vent s’intensifie, la maison se met à trembler, l’Esprit en forme de langues de feu vient se poser sur chacun d’eux. Ce n’est pas un feu qui ravage et qu’il faut éteindre avec une lance à incendie, c’est un feu qui allume le moteur de l’Église et va lancer les témoins de l’Évangile sur les routes du monde... C’est le feu des chrétiens qui déclarent leur flamme pour Jésus et chantent les merveilles de Dieu.

L’Évangile avait commencé par la venue de l’Esprit sur Marie, c’est lui qui la couvrant de son ombre avait mis l’enfant Jésus dans son sein... Cette fois, l’Esprit recouvre toute la communauté du cénacle, ensemble les voilà remplis d’une force qui va les faire sortir, les voilà investis d’une puissance qui va les tirer de leur peur... Le danger n’a pas disparu à l’extérieur, mais eux sont dans la paix, prêts à affronter avec courage les adversaires de l’Évangile de la vie.

Que celui ou celle qui aujourd’hui a peur de témoigner du Christ, que celui qui a honte de sa foi, demande, implore l’Esprit de Pentecôte. Le monde, essoufflé sur bien des plans, a besoin de chrétiens convaincus et décomplexés qui porteront haut et loin la flamme de l’Esprit.

Parthes, Mèdes, Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce... l’énumération de ces territoires est impressionnante. Toutes les nations sont concernées par la Pentecôte. L’Esprit-Saint se comporte comme un empereur, mais son empire est fondé sur l’amour. Avec Jésus, l’amour a été intensif, eh bien avec l’Esprit il sera extensif ; à Pâques, Jésus est passé de la mort à la vie éternelle, eh bien avec l’Esprit cette grâce concernera tous les hommes.

Accueillir dans son Royaume la multitude des nations : voilà le projet que le Christ ressuscité confie à l’Église. C’est pour accomplir ce projet jusqu’au bout du monde, jusqu’au bout du temps qu’elle reçoit l’Esprit-Saint. Du coup, notre foi n’est pas une affaire personnelle et privée, quoi qu’en disent certains hussards de la pensée laïque pure et dure, non, le projet de Dieu a une envergure collective et universelle.

Depuis plusieurs années, on parle abondamment de la mondialisation et de ses méfaits... Eh bien, la Pentecôte, c’est déjà une mondialisation... mais une mondialisation qui cherche le bien de chaque être vivant, de chaque culture, de chaque peuple et non une mondialisation où le plus puissant impose à tous les autres ses modes, ses marques et ses tendances.

Défendre la diversité dans le corps de l’Église ne veut pas dire renoncer à son unité. Non, de même que le sang de tous est rouge, de même il n’y a qu’une seule foi, un seul baptême, un seul Esprit mais qui se diffracte dans une grande variété de formes, de dons, de charismes et de talents. L’Esprit est un peu comme un chef de chœur qui sait mettre en harmonie les timbres des voix, les tessitures de chacun dans une louange unifiée. Le monde, abîmé par tant de divisions, a encore un long chemin à parcourir pour approcher de cette louange harmonieuse où l’Esprit nous conduit.

Je connais une île qui, au cours de son peuplement, a réuni des hommes de divers horizons. A priori, Bourbon n’avait pas pour ambition de devenir une grande famille où il n’y aurait pas de différence ni de ségrégation entre les uns et les autres. Aujourd’hui, on a rompu avec les clivages d’autrefois et on peut être fier de s’appeler : La Réunion. Je prie pour que cette fierté ne soit pas seulement un nom sur une carte au milieu de l’océan Indien mais un beau fruit de l’Esprit Saint... Ici, on aime bien le zambrocal où les ingrédients à force de mijoter ensemble, finissent par mélanger leurs saveurs. Demandons à l’Esprit de devenir davantage ce que nous aimons : le zambrocal des nations, c’est-à-dire une icône de la communion des peuples qui a commencé à la Pentecôte.

Jean-Leu, tu vas recevoir tout à l’heure une onction d’huile. Quand on verse une goutte d’huile sur une feuille, qu’est-ce qui se passe ? L’huile ne reste pas à la surface du papier, comme l’eau qui coule sur une feuille de sonje, non, l’huile rentre dans la feuille, elle est visible et on ne peut plus effacer sa trace, ça fait tache d’huile, comme on dit. Eh bien aujourd’hui, l’Esprit rentre vraiment en toi, alors, ça se verra, on reconnaîtra que tu es confirmé parce que tu auras à cœur de faire le bien autour de toi, comme Jésus ; on reconnaîtra que tu es confirmé parce que tu auras à cœur de partager au lieu de vivre dans l’égoïsme, comme Jésus ; on reconnaîtra que tu es confirmé parce que tu auras à cœur de servir comme Jésus plutôt que d’être servi ; on reconnaîtra que tu es confirmé parce que tu auras à cœur de pardonner, comme Jésus, à tous ceux qui t’auront fait du mal. Si tu choisis tout cela, alors tu seras proche de Jésus qui a dit : Père, voilà mon cœur, il est grand ouvert pour t’aimer et aimer mon prochain, que ta volonté se fasse.

Prions maintenant pour que l’Esprit-Saint vienne abondamment sur Jean-Leu, qu’il le confirme dans la foi, l’espérance et la charité.

Illustration : Zembrocal (photo : Guilleron/Wikipedia - CC BY-SA 3.0)