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Jésuites à La Réunion
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Une pauvre veuve, si riche...

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 8 novembre 2015, 32e dimanche du temps ordinaire (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 12 novembre 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 8 novembre 2015, 32e dimanche du temps ordinaire (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Jésus commence par dénoncer avec fermeté les autorités du Temple qui se pavanent en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques. Le gros train de vie de certains cardinaux, qui cette semaine encore défrayait la chronique, est pareillement vicié. Prions pour que l’Esprit nous débarrasse de ces comportements indignes de l’Évangile. Les serviteurs de Dieu ne peuvent pas se nourrir et s’engraisser sur le dos des pauvres. Quand ils mangent, dit Jésus, c’est les pauvres qu’ils mangent au lieu de les nourrir. Et les veuves en faisaient partie. En perdant leur mari, les veuves perdaient tous leurs moyens de subsistance. Au lieu d’organiser leur prise en charge, les légistes les avaient déclarées inaptes à l’héritage, du coup, les veuves se trouvaient sans ressources et contraintes à vivre d’aumônes. Cet évangile nous parle d’un temps où il n’y avait pas de pension de réversion, mais il nous parle aussi de tous les gens d’aujourd’hui qui vivent avec de maigres ressources, parfois sous le seuil de pauvreté.

Jésus attire l’attention de ses disciples sur une veuve qui est venue déposer deux maigres piécettes dans les troncs du trésor. Le montant de l’obole n’est pas élevé mais au regard de sa pauvreté, l’effort est considérable, généreux et sans hypocrisie. Il est faux de dire que celui qui n’a rien, n’est rien ; pour Jésus, cette femme qui n’a pas grand moyen possède cependant une grande richesse spirituelle. Elle prend des risques, et de sacrés risques. Et ce n’est pas du théâtre. C’est sa vie, qu’elle joue. Que mangera-t-elle demain ? Comment finira-t-elle son mois ?

Ce que Jésus admire en elle, c’est sa foi. Elle fait confiance à Dieu qu’elle vient prier dans le Temple. Habitée par un esprit de sacrifice, loin de la course aux biens et aux apparences, et le don qu’elle tire de son indigence dépasse de loin les dons substantiels que d’autres tirent de leur superflu. En plus, pour deux piécettes qui tombent dans le tronc sans faire trop de bruit, on ne va pas faire sonner de la trompette dans le Temple comme cela se faisait pour honorer les gros donateurs. La discrétion entoure ici le sacrifice dont Jésus fait l’éloge.

Lorsque Marc écrit cet évangile, l’Église s’organise et il est bon de rappeler à ses responsables qu’ils n’ont pas à tirer profit de leur situation pour s’offrir un train de vie indécent qui fera scandale. Le statut de rentier dans l’Église ne rend pas gloire à Dieu.

En revanche, Jésus se retrouve en parfait accord avec une pauvre femme qui met sa vie en jeu. Cette femme, c’est, d’une certaine manière, lui-même qui vient sauver ses frères, moyennant un dépouillement radical et reçoit en retour le don le plus précieux : la vie éternelle.

La veuve de l’évangile, discrète et généreuse, est un modèle de vie chrétienne. Jésus en est ému car il n’est pas seul ! Il a au moins une sœur qui, comme lui, « a donné tout pour vivre ». La leçon est claire : comme elle, pour vivre, nous devons cultiver l’esprit de don et de sacrifice. Avec cette veuve, on pourrait s’arrêter à un bon éloge de la générosité, vanter la privation qu’elle s’impose, admirer le geste qu’elle fait. Mais on peut aller un peu plus loin et déclarer qu’elle est le symbole d’une Église vraiment fidèle au Christ. Une Église où les membres s’offrent eux-mêmes pour le salut du monde.

Je sais bien que cette façon de voir ne fait pas recette à une époque où ce qui compte, c’est de profiter de la vie. On n’en a qu’une, nous répète-t-on, alors pourquoi se priver ?

Mais sans esprit de partage, et même de sacrifice, je ne vois pas ce qui pourra arrêter la tendance du chacun pour soi, chacun sa vie, chacun ses problèmes, chacun son pays, chacun ses opinions.

Nous chrétiens, nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette mode égoïste qui dissout peu à peu le lien fraternel. Pour nous, la fraternité est inscrite au cœur de l’Évangile. Sans fraternité, dites-moi, comment pourrons-nous continuer à appeler Dieu « Notre Père » ?

Alors, que l’Esprit Saint nous inspire les gestes fraternels, même si cela doit nous coûter un peu plus que notre superflu. La qualité de la vie fraternelle dépend des sacrifices que nous sommes prêts à faire les uns pour les autres.